Résumer, synthétiser, argumenter by Sylvie Clamageran, Henriette Gezundhajt is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License, except where otherwise noted.
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Résumer, synthétiser, argumenter, Sylvie Clamageran, Henriette Gezundhajt, 2018
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Le manuel Résumer, synthétiser, argumenter s’adresse aux étudiants de français langue seconde de niveau avancé (3e ou 4e année universitaire, essentiellement).
Comme son titre l’indique, le manuel couvre l’écriture de résumés et de synthèses (cinq chapitres) et de textes argumentatifs (cinq chapitres). Les dix chapitres permettent de couvrir facilement un cours de six crédits; on peut également se servir du manuel pour un cours de trois crédits axé sur le résumé et la synthèse ou sur l’écrit argumentatif (ou sur une combinaison des deux en opérant une sélection).
Mis à part le premier chapitre, qui présente la vision du résumé et de la synthèse adoptée dans ce manuel, les neuf autres chapitres visent tous à amener les étudiants à des activités de rédaction. Les chapitres s’ouvrent généralement sur des analyses de textes et des considérations théoriques, souvent accompagnées d’exercices. Résumer, synthétiser, argumenter contient des exercices de grammaire, mais n’est pas un manuel de grammaire; il demande donc à être utilisé en conjonction avec une ou des grammaires de référence, ouvrages que les étudiants auront généralement déjà en main au niveau avancé. Si Résumer, synthétiser, argumenter n’est pas non plus un manuel d’acquisition du vocabulaire, une large place y est néanmoins faite au travail lexical.
Résumer, synthétiser, argumenter est ainsi centré autour d’activités rédactionnelles que nous avons voulu rendre aussi diversifiées que possibles afin que les étudiants prennent plaisir à expérimenter des formes d’écriture variées.
Les activités de rédaction de résumé sont aussi variées en raison de la conception fonctionnelle du résumé adoptée, qui n’est pas celle du résumé comme exercice académique de contraction, mais comme production de textes courts ayant une pertinence communicationnelle, à partir de textes plus longs. Cette conception change fondamentalement la donne : il ne s’agit pas de contracter des textes en gardant les proportions, l’ordre des informations ou du raisonnement et en montrant l’étendue de son vocabulaire par un jeu de substitution synonymique, mais de reconstruire un texte court qui réponde bien à une nouvelle finalité.
Les chapitres sur l’argumentation ont quant à eux pour objectif de faire travailler les étudiants à partir d’angles diversifiés, comme la polémique ou l’écriture heuristique.
Profitant des possibilités qu’offre le format multimédia, le manuel intègre un certain nombre d’exercices autocorrigés et de présentations sur des points de langue. Les exercices sont directement intégrés dans les chapitres et ils sont également regroupés dans la section « Exercices interactifs ». Les points de langue qui font l’objet d’un développement se trouvent dans la rubrique « Points de langue » de la table des matières. Signalons que les éléments multimédias (présentations, diaporamas, vidéos) peuvent être visionnés en plein écran, en cliquant sur l’icône , en bas à droite du cadre.
Tout au long du manuel, nous faisons référence aux dictionnaires d’Antidote et au Petit Robert. Ce sont des outils auxquels les étudiants devraient avoir accès pour tirer pleinement profit du manuel. D’autres outils intéressants sont mentionnés au fil des chapitres.
Ce manuel se présente dans un format multistandard et multiplateforme. On peut le consulter à partir d’ordinateurs, de tablettes et de téléphones. Il est également possible de le télécharger en format « pdf » (amputé des éléments multimédias) pour mieux le redécouper ou l’imprimer. Il faut toutefois garder à l’esprit que, même en format Web, l’interface peut quelque peu changer selon les navigateurs et que les documents sont moins lisibles sur des écrans trop petits comme ceux d’un téléphone.
Tous les exercices interactifs sont autocorrigés. Pour les autres exercices, le corrigé sera fourni dans le Guide des enseignants aux professeurs qui en feront la demande par courriel.
La table des matières en haut à gauche de l’écran permet de voir la liste des chapitres, mais également d’aller directement à des présentations et à des exercices interactifs et autocorrigés portant sur des points de langues particuliers ainsi qu’aux pages de la rubrique culturelle.
On peut aussi rechercher un élément précis en se servant de l’index qui se trouve dans la section finale.
Les références bibliographiques sont intégrées aux différents chapitres sous forme de notes de bas de page.
Les auteures tiennent à remercier eCampusOntario pour le fonds de développement à l’origine de l’élaboration de ce manuel d’enseignement en ligne.
Nous voudrions également exprimer notre reconnaissance aux collègues Anat Avitzur, Sylvie Blakeley-Dejy, Marie-Élaine Bourgeois et Sylvie Rosienski qui ont relu et commenté ces pages pour y apporter des améliorations.
Enfin, un grand merci à nos consultants en informatique Roger Bannister et Patrick Thibaudeau qui nous ont indiqué les subtilités du maniement des outils numériques mis à notre disposition, nous permettant ainsi d’optimiser notre ouvrage en lui apportant une dimension fortement multimédia et interactive.
Le mot résumer est un verbe; le mot résumé est un participe passé, un adjectif ou un nom dérivé du participe passé.
Cette différence grammaticale implique une différence de sens. En tant que verbe, résumer désigne une action : selon le dictionnaire Petit Robert (PR), le fait de « présenter brièvement en conservant l’essentiel ». En tant que nom dérivé d’un participe passé, le mot résumé désigne un produit : un résumé est un texte qui présente brièvement un sujet, une histoire, une analyse à partir d’un document plus long.
Lorsqu’on résume, on produit du résumé, mais pas nécessairement un résumé, c’est-à-dire qu’on ne produit pas nécessairement un texte appartenant au genre « résumé ». Ainsi, un article appartenant au genre « fait divers » dans un journal résume le fait divers, mais n’est pas pour autant un texte qu’on appellerait un résumé. De même, des notes de cours résument le cours, mais incluent des commentaires, des notes personnelles et ne sont pas strictement un résumé. Autre exemple : une critique de film comprend généralement un résumé de l’intrigue du film, mais ne constitue pas un résumé.
Il faut donc bien distinguer entre résumer comme opération mentale et résumé comme produit textuel. Lorsqu’on écrit à l’université ou au travail, on est presque toujours appelé à résumer, à synthétiser de l’information, mais cela ne signifie pas que le texte résultant peut être catégorisé comme résumé.
C’est par le langage que la pensée se matérialise. Résumer est donc aussi une action langagière, qui est déterminée par des paramètres communicationnels (qui est mon destinataire ? quelles sont les visées de la communication ? qui m’a demandé de faire le résumé? , etc.) et prend une forme linguistique conditionnée par ces paramètres.
Ces trois opérations sont indissociables : elles se répondent, se relancent l’une l’autre tout au long de la production.
Résumer est ainsi une action complexe qui mobilise l’esprit de synthèse, depuis la conception jusqu’à la mise en mots.
Dans l’introduction, nous avons dit que les « textes résumants » n’étaient pas tous des résumés et que souvent les « séquences résumantes » s’intégraient dans des textes plus vastes, dont la fonction générale n’est pas de résumer.
Pourquoi avons-nous besoin de classer les textes et autres documents par genres ? Comment cette catégorisation est-elle construite par l’esprit humain pour comprendre des films, des émissions de télévision, des tableaux, des spots publicitaires, des articles de presse, des articles savants, des textes littéraires, des discours publics, des messages dans des réseaux sociaux, parmi bien d’autres productions langagières ?
La démarche de classification, ou taxinomie, ou typologie, est constitutive de l’organisation des savoirs. En lecture, la catégorisation est une clé essentielle pour l’interprétation. On classe ainsi les textes par genres : s’agit-il d’un roman (novel), d’une nouvelle (short story), d’un essai, d’une biographie, d’un article d’actualité, d’un reportage, d’une critique, d’une lettre ouverte polémique, d’un manuel scolaire, d’un formulaire, d’une lettre administrative, d’un mode d’emploi, etc. Bien sûr, la classification est plus qu’une simple liste. On obtiendra différents modèles de classification, et un nombre différent de niveaux de classification, selon les critères que l’on retient : on peut avoir une première opposition « littéraire / non littéraire », ou « ludique / utilitaire » ou « à usage interne /à usage externe » au sein d’une institution, etc. Les paramètres dépendront de la finalité de cette classification.
À un niveau peu complexe, nous classons généralement de façon automatique, parce que nous avons « fréquenté » assez de documents pour savoir comment ils sont codifiés, par leur forme physique, leur mise en page, le cadre dans lequel ils s’inscrivent, etc. Pour bien situer un document (c’est-à-dire pouvoir bien le comprendre et éventuellement bien le résumer), il est cependant utile de s’arrêter consciemment à ce travail de catégorisation.
Dans ce manuel, nous éclairerons la démarche d’écriture des résumés que nous produirons par leur finalité – leur fonction donc (quel but le résumé vise-t-il ?), ce qui implique aussi de déterminer quels sont (ou seraient) ses destinataires (au-delà du professeur qui corrige). Nous nous plaçons ainsi en quelque sorte dans une perspective professionnelle du résumé : il ne s’agit pas strictement d’un exercice de rédaction, mais de la production d’un texte qui puisse exister réellement à l’extérieur du cadre de ce cours de rédaction.
Définir le cadre de production « dans la vraie vie » permet de déterminer en quoi doit consister le résumé, en d’autres mots son fonctionnement :
L’adjectif pose des difficultés aux non-francophones à trois points de vue : sa place, son accord et aussi, tout simplement, la formation du féminin et du pluriel.
En bref, l’adjectif mérite un peu de révision…
Vous trouverez ici un document qui vous rappellera les règles de positionnement et d’accord des adjectifs. Des exercices suivent les explications.
Dans le chapitre 1, il a été établi qu’un résumé est fonction de sa finalité : pour qui et pourquoi l’écrit-on ? Dans ce deuxième chapitre, nous travaillerons le résumé de textes narratifs en prenant comme matériau de départ des chapitres de romans d’aventures. Nous analyserons des résumés de textes narratifs ainsi que des chapitres de romans avant de proposer des tâches de résumés.
On peut définir le genre « roman » (novel) par les traits suivants. C’est un texte :
Le roman d’aventures est un genre regroupant divers types de récits où le héros, souvent masculin, vit des aventures jonchées de péripéties qui le mettent régulièrement en danger. Le réalisme des situations y est délaissé au profit d’une trame remplie d’intrigues et de suspense. À la fin, il convient que la morale soit sauve et que le bien l’emporte sur le mal. Dans les littératures francophone et anglophone, ce genre littéraire a connu ses heures de gloire à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle; on pense notamment à des auteurs comme Jules Verne ou Joseph Conrad, ou encore Alexandre Dumas plus tôt au XIXe siècle. Le roman d’aventures a donné naissance à des sous-genres comme le roman policier, avec de nouveaux héros populaires parmi lesquels les célèbres Hercule Poirot d’Agatha Christie, Sherlock Holmes de Conan Doyle et Arsène Lupin de Maurice Leblanc.
Comme narration fictionnelle, le roman est codifié dans sa structure. Dans les romans grand public, ce sont généralement les péripéties qui sont le moteur de l’intérêt du lecteur (s’il ne se passe rien, l’intérêt tombera pour la majorité des lecteurs). Durant vos études secondaires, vous avez d’ailleurs sans doute étudié le « schéma narratif » classique :
Ce schéma aide à décoder le texte, à prévoir la suite du récit. Il correspond au script attendu : à partir d’une situation initiale, quelque chose survient qui entraîne une série d’événements et de rebondissements qui trouvent leur résolution, ce qui amène à la fin du roman.
On peut s’appuyer sur ce schéma pour construire un résumé. Prenons Roméo et Juliette, de Shakespeare, que vous avez sans doute étudié au niveau secondaire :
Ce découpage en cinq étapes résume l’ensemble de la trame narrative, mais ne donne pas particulièrement envie de lire Roméo et Juliette. Le résumé est strictement utilitaire (on en trouvera sur Wikipédia une version plus longue, qui permet de connaître l’œuvre sans l’avoir lue ou vue, comme pièce ou en film dérivé). Si l’on résume pour « faire mousser l’intérêt » – pour donner l’envie d’aller voir la pièce, par exemple – on emploiera une langue plus dramatique, un vocabulaire plus riche, plus emphatique, un ton plus interactif, et on n’insistera pas sur le dénouement (qui, de surcroît, dans ce cas-ci, est connu de tous).
Comme nous voulons travailler l’expression d’un déroulement d’actions, nous nous concentrerons sur les romans d’aventures , forts en péripéties et rebondissements. Le but est de vous aider à acquérir des savoir-faire rédactionnels essentiels pour mettre en récit un enchaînement d’actions : de bonnes reprises, de bons marqueurs chronologiques et une utilisation judicieuse du passé composé pour marquer l’accompli, ainsi que du plus-que-parfait pour marquer l’antériorité par rapport à un fait passé.
Prenons le cas du best-seller français L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA. Sur le site de l’éditeur original, Le Dilettante, on trouve le résumé suivant, qui, manifestement, vise à donner envie de lire le livre :
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Le résumé ci-dessus rend compte de toutes les étapes du schéma narratif ou presque :
Si le « résumé » de l’éditeur rend bien compte de toutes les étapes du schéma narratif, son but est évidemment de susciter un plaisir de lecture par le recours à des effets de style reposant surtout sur la cocasserie, à commencer par cet « hindou de gris vêtu, aux oreilles forées d’anneaux et considérablement moustachu », formulation qui peut notamment évoquer le grand méchant loup (aux grandes oreilles et bien velu) de plusieurs contes.
Au-dessus de ce résumé, la maison d’édition Le Dilettante présente le roman d’une façon plus analytique, mais qui résume aussi :
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On trouve dans ces quelques lignes le périple en Europe et en Afrique, les aventures, l’histoire d’amour, le ton du récit et le message que l’auteur veut véhiculer. Un résumé « extrême » donc, auquel se combine un commentaire évaluatif. C’est le genre de texte qu’on lit souvent sur la « quatrième de couverture » (l’arrière du livre), où l’on présente le propos de l’ouvrage ou encore des commentaires de critiques littéraires. Les présentations de films, dans des programmes, prennent aussi cette forme très succincte avec ou sans commentaire évaluatif.
Un résumé narratif peut ne couvrir qu’une partie du récit. Dans les histoires sérialisées, on résume souvent l’épisode précédent au début de l’épisode qu’on aborde. Cette forme était courante dans les romans en feuilletons (ou « romans-feuilletons ») du XIXe siècle, qui étaient publiés dans les journaux; en anglais, on pensera à Dickens; en français, à Alexandre Dumas, à Honoré de Balzac, à Eugène Sue (moins connu aujourd’hui) et aux célèbres aventures de Rocambole, le personnage haut en couleur des Drames de Paris de Ponson du Terrail, qu’on connaît surtout maintenant par l’adjectif « rocambolesque » (adjectif d’ailleurs souvent utilisé pour décrire L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA). Le résumé d’un épisode précédent est également courant dans les séries télévisées et les webséries.
On retrouve aussi des résumés de l’épisode précédent ou encore du chapitre à venir en tête de chapitre dans des œuvres diverses. Si vous avez lu Candide de Voltaire ou Gulliver’s Travels de Jonathan Swift, vous vous souviendrez peut-être d’y avoir vu des résumés en tête de chapitre :
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http://www.gutenberg.org/ebooks/17157?msg=welcome_stranger#CHAPTER_I |
Les romans-feuilletons recouraient aussi le plus souvent à ces résumés en tête de chapitre (ou feuilleton). Voici par exemple un résumé d’un chapitre du Fantôme de l’opéra, de Gaston Leroux :
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Dans ces trois cas (Candide, Gulliver’s Travels, Le fantôme de l’opéra), le résumé présente le chapitre qui commence.
Dans d’autres cas, par exemple dans les petits romans du magazine pour enfants J’aime lire, c’est le chapitre précédent qui est résumé afin de permettre à l’enfant de « fractionner sa lecture s’il le souhaiteJ’aime lire, https://pages.bayard-editions.com/feuilletages/jaime-lire/ ». Ainsi, en tête du chapitre 2 du roman Sur la trace du blaireau perdu de Céline Claire, trouve-t-on le résumé suivant du premier chapitre :
Comme on le voit, on peut résumer un texte narratif ou un extrait de texte narratif de bien des façons selon la finalité du résumé. Voyons maintenant quelques caractéristiques linguistiques et stylistiques essentielles du résumé du texte narratif.
Le temps le plus communément employé pour résumer une narration est le présent narratif. Pourquoi ? Parce que le résumé n’est pas la narration même. D’où la difficulté à rédiger le résumé au passé simple, qui est un temps du récit, un temps qui distancieLes deux verbes du résumé du chapitre 3 de Candide présenté ci-dessus sont au passé simple, mais c'est un texte du XVIIIe siècle : autres temps, autres mœurs linguistiques; le résumé fonctionne en quelque sorte comme le récit même en version courte. Les résumés des chapitres des deux autres œuvres (Les voyages de Gulliver et Le fantôme de l'opéra) recourent au passé simple pour marquer l'antériorité par rapport au présent des verbes rendant compte des actions et événements relatés dans le chapitre; de nos jours, on utilise plutôt le passé composé pour marquer l'antériorité par rapport au présent.. Or, le résumé d’un texte narratif fonctionne comme un dialogue direct avec le lecteur. Même le passé composé est difficile : on ne raconte pas quelque chose qui est arrivé, on rend compte d’une histoire fictive, comme si on y était; le présent narratif ou présent historique crée cet effet. Bien évidemment, on aura tout de même besoin du passé composé (et parfois du plus-que-parfait) pour relater des faits antérieurs à ceux qui construisent la chaîne narrative de base du résumé.
C’est bien le présent qui est utilisé dans le résumé long de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA :
… débarque un jour à Roissy, … s’y installe… nos héros sont mis en garde à vue (présent passif) … à qui il échappe … il joue une nouvelle fois la fille de l’air…
Mais, si on veut rappeler des faits et des situations antérieurs aux événements qu’on est en train de résumer, on utilisera le passé composé :
Lavash Patel débarque à Roissy pour acheter un matelas à clous. Il a quitté l’Inde la veille avec pour seul pécule un faux billet de 100 euros.
On peut aussi utiliser le passé composé simplement pour marquer l’aspect résultatif d’une action par rapport aux autres dans une séquence :
Lavash Patel s’interroge. Lui, un homme bon ? Il s’est plutôt toujours vu comme un charlatan !
Lavash Patel entre dans le magasin, trouve le rayon des lits, choisit le modèle et le commande. Il a accompli sa mission. Il peut maintenant se reposer jusqu’au lendemain.
Pour marquer l’antériorité par rapport à un moment dont on parle au passé composé, on utilisera le plus-que-parfait :
Lavash Patel arrive à Paris un peu fatigué. Il a pris l’avion la veille et comme il n’avait jamais pris l’avion avant, il n’a pas fermé l’œil de la nuit.
Ou encore pour marquer une antériorité lointaine par rapport au moment du récit :
Lavash Patel se remémore son enfance : sa rencontre avec un pédophile qui l’avait sodomisé, mais aussi la tendresse infinie de sa mère adoptive.
Le plus-que-parfait s’utilise aussi pour marquer l’aspect résultatif dans le passé.
Il était heureux. Il avait trouvé l’âme sœur.
RAPPELS
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Comme nous l’avons dit plus haut, le résumé d’un texte narratif écrit vise à donner aux lecteurs potentiels l’envie de lire l’ouvrage : il doit être expressif et susciter des représentations quasi cinématographiques des personnages et du cadre de l’action; sa visée est publicitaire. Lorsque le résumé porte seulement sur une partie du roman, un chapitre par exemple, la langue peut être plus sobre : le but premier est alors d’aider le lecteur à se remémorer ce qui précède (ou à sauter des parties du récit); cela n’empêche cependant pas de chercher à reconstruire l’atmosphère, à reproduire le ton, ou l’effet de suspense (s’il y en a).
Vous trouverez ci-dessous deux parcours d’applications rédactionnelles et d’exercices. Le premier porte sur les trois premiers chapitres de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA. Le second sur l’un des romans de la célèbre série des Arsène Lupin : Arsène Lupin contre Herlock Sholmès : La dame blonde.
Pour bien résumer, il faut faire des phrases qui condensent l’information, ce qui passe notamment par une syntaxe dense, autant dans la partie thématique (the topic) de la phrase, c’est-à-dire ce qui est en début de phrase : circonstants en tête de phrase et sujet, que dans la partie rhématique (the comment), c’est-à-dire le verbe et ses compléments ainsi que les circonstants placés en fin de phrase.
Remplissez le tableau que vous trouverez ici avec les structures demandées : sujets comprenant une subordonnée relative explicative, différentes formes syntaxiques de compléments circonstanciels de cause antéposés, etc.; dans la colonne 3, vous placez des exemples tirés des troispremiers chapitres du roman; dans la colonne 4, vous construisez des exemples qui pourraient s’intégrer dans votre résumé. Le but de l’exercice est de vous aider à enrichir vos débuts de phrases en vous amenant à avoir une vision synthétique des constructions les plus courantes qui densifient les thèmes et structurent la progression du texte.
Savoir choisir le mot qui convient le mieux parmi une série de mots de sens proches est au coeur de toute écriture. Parmi les outils les plus efficaces pour comprendre les nuances de sens entre synonymes et mots de sens proches, Antidote figure en très bonne place, en raison, notamment, de la convivialité de l’interface de son sous-dictionnaire des synonymes. Sans doute d’ailleurs, l’utilisez-vous déjà, la plupart des universités étant abonnées à Antidote. Les deux exercices qui suivent vous amèneront à travailler systématiquement avec Antidote pour explorer des champs synonymiques autour de thèmes clés de L’extraodinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA.
Exercice no 3
Explorez les synonymes des mots voyage et aventure dans Antidote,
puis faites l’exercice autocorrigé que vous trouverez ici.
Exercice no 4
Explorez les synonymes du mot bizarre, dans Antidote,
puis faites l’exercice autocorrigé que vous trouverez ici.
Apprendre des noms en français, c’est les apprendre avec leur genre grammatical : masculin ou féminin ! Lisez le premier chapitre de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA, puis faites l’exercice suivant pour vérifier si vous avez la mémoire du genre grammatical.
Cet exercice vise à vous entraîner à mobiliser une petite partie de votre attention pour observer le genre (et le retenir). Il est conçu de façon à vous permettre de le faire rapidement : la liste des noms suit le chapitre 1, de la page 13 à la page 16. Dans certains cas, le genre des noms est donné dans le texte (ex. : son costume, sa cravate) et parfois non (ex. : à mi-voix ne dit pas si voix est un nom masculin ou féminin – et on dit bien un choix, mais une noix).
Avec ou sans l’aide du livre, vous devriez trouver la majorité des réponses. À la deuxième tentative, vous devriez obtenir 30 sur 30.
Ajoutez « un » ou « une » devant les noms.
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L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA est un roman de Romain Puértolas, paru en 2013. Grand succès de librairie en France, le livre a été traduit dans plusieurs langues; un film en a aussi été tiré.
L’écriture est alerte et un rebondissementDéveloppement nouveau et surprenant dans une histoire. n’attend pas l’autre. Quoi de mieux pour un exercice de résumé d’un texte narratif? Quelques exercices accompagnent la tâche de résumé proprement dite.
Lisez ces trois mini-chapitres en pensant aux étapes du schéma narratif. Ensemble, ils présentent la situation initiale et l’élément déclencheur...
Pour bien rendre compte de la situation initiale et de l’élément déclencheur, pensez à camper le décor (le lieu), les personnages et l’arnaque en termes vivants : qu’est-ce qui arrive à qui et pourquoi ? Ouvrez sur les péripéties à venir, comme le fait la fin du chapitre 3.…
Arsène Lupin, c’est le célèbre personnage de gentleman-cambrioleur d’une série de romans du début du XXe siècle. Publiés au départ en feuilleton dans la revue encyclopédique Je sais tout, les romans de Maurice Leblanc mettant en scène Arsène Lupin ont connu une telle postérité qu’on ne compte plus les œuvres qui en sont dérivées : films, séries télévisées, chansons, bandes dessinées, mangas, jeux…La page « Arsène Lupin » de Wikipédia montre l’étendue de la postérité de l’œuvre.
Arsène Lupin contre Herlock Sholmès rassemble trois récits. Nous travaillerons ici le premier chapitre du premier récit, La dame blonde. Si la société dépeinte est évidemment bien différente du monde que vous connaissez, vous verrez en lisant le premier chapitre que la langue n’est pas particulièrement vieillotte; en fait, le texte se lit très facilement. Vous verrez aussi que les rebondissementsDéveloppement nouveau et surprenant dans une histoire. ne manquent pas.
a) Lecture guidée du premier chapitre
b) Résumés de la première séquence du premier chapitre
c) Résumés de la deuxième séquence du premier chapitre
Produisez deux résumés d’environ 200 mots de la deuxième séquence du chapitre : dans le premier, vous jouerez des effets dramatiques (exclamations, modalisations émotives fortes…); dans le second, vous utiliserez un ton plus sobre, plus neutre.
Dans ce chapitre, nous allons résumer des scènes de films. Le travail de rédaction est similaire à celui qu’on fait pour résumer une séquence narrative de roman, à la différence qu’on n’a pas de texte écrit sur lequel s’appuyer pour rédiger.
Autre différence, le résumé écrit d’une scène de film n’a guère d’application concrète « dans la vraie vie, contrairement aux résumés de chapitres de livres, qui peuvent servir à soutenir une lecture interrompue (qui lit un roman entier d’un seul coup, sans interruption ?). Il s’agit donc essentiellement d’un exercice d’écriture – mais quel bon exercice d’écriture ! Voici en quoi.
Sur le plan rédactionnel, l’absence d’un texte écrit apporte des difficultés particulières. Le passage de l’audio-visuel (la scène de film) à l’écrit (le résumé) constitue un changement de système de signes; c’est donc un « résumé intersémiotique » qu’on produit. Certes, les dialogues constituent du texte, mais vous ne disposez pas d’une version écrite de ce texte. Et si les dialogues construisent l’histoire, le contexte, lui, n’est communiqué que visuellement (à moins qu’il y ait une voix hors champVoix hors champ : procédé narratif utilisé dans un film consistant à faire intervenir dans un plan la voix d’un personnage absent de ce plan; aussi appelé voix off. qui décrive). Le cadre socio-culturel, les allusions peuvent ainsi être plus difficiles à comprendre que dans du texte écrit.
Le premier objectif des exercices de résumé proposés dans ce chapitre est donc de construire par écrit le cadre descriptif en l’intégrant au résumé de l’action proprement dite.
Les trois scènes de film à partir desquelles nous travaillerons dans ce chapitre portent sur des situations de changement de code entre le tutoiement et le vouvoiement ou de décalage par rapport aux attentes. Pour résumer ces scènes, vous aurez besoin de comprendre les positionnements sociaux et les sentiments qui motivent le changement dans le pronom d’adressePronom d’adresse : pronom qu’on utilise pour s’adresser à quelqu’un; en français, les pronoms d’adresse normaux sont le tu et le vous. et d’en rendre compte. Le deuxième objectif du chapitre est donc de vous aider à mieux comprendre le fonctionnement social du tu et du vous, dont les valeurs gardent souvent leurs mystères pour les anglophones. En témoigne d’ailleurs cet algorithme humoristique (http://www.latimes.com/opinion/op-ed/la-og-bastile-vous-tu-20140711-htmlstory.html)William Alexander, « Brush up on your French with this Bastille Day flowchart », Los Angeles Times, 12 juillet 2014, http://www.latimes.com/opinion/op-ed/la-og-bastile-vous-tu-20140711-htmlstory.html du journaliste américain William Alexander, également auteur de Flirting with French.
L’algorithme d’Alexander présenté dans « Brush up on your French with this Bastille Day flowchart » vous rappelle entre autres qu’à moins que votre professeur soit assez jeune pour être votre fille ou votre fils, les conventions veulent que vous le vouvoyiez. Cela, vous le savez. Mais tout en le sachant, vous l’oubliez parfois ou encore, vous combinez le tu et le vous dans un même texte, une même conversation. Ou encore, vous oubliez de faire les accords et les renvois coréférentiels qui s’imposent avec le tu et le vous.
Nous allons donc en premier revoir les valeurs du tu et du vous et les relations de coréférenceCoréférence : le fait, pour plusieurs expressions au sein d’une phrase, d’un paragraphe, d’un texte, de désigner la même personne, le même objet. qu’ils commandent.
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https://ecampusontario.pressbooks.pub/resumersynthetiserargumenter/?p=27
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tu | vous | ||
Pronoms personnels | tu /te | Pronoms personnels | vous |
Pronom réfléchi | te | Pronom réfléchi | vous |
Déterminants possessifs | ton/ta/tes | Déterminants possessifs | votre/vos |
Pronoms possessifs | le tien / la tienne /les tiens / les tiennes | Pronoms possessifs | le vôtre / la vôtre /les vôtres |
Voici les trois extraits de film que nous travaillerons :
Les trois extraits présentent des situations où l’un des personnages change de pronom pour s’adresser à un autre personnage ou emploie un pronom d’adresse qui n’est pas normal compte tenu de la relation qui existe entre les deux. Ce changement de pronom constitue l’élément central des scènes en cause. Pour résumer les extraits, il faut donc bien comprendre sur quelles valeurs du tutoiement et du vouvoiement ils jouent.
Les trois scènes sont tirées de films français. Le décodage culturel demande donc de comprendre des réalités qui nous sont étrangères, comme Canadiens et Nord-Américains. Qui plus est, le 3e extrait, tiré d’un film de Claude Zidi, date de 1978, une époque totalement révolue pour la quasi-totalité d’entre vous, une époque que vous ne vous représentez peut-être pas mieux que l’« Entre-deux-guerresPour la plupart des Français, l’« entre-deux-guerres », c’est forcément la période entre 1918 et 1939. » (quelles guerres, direz-vous ?) ou le début du XXe siècle; le travail de décodage des propriétés physico-culturelles du monde en cause et les inférences qu’il faut donc tirer de la scène et des dialogues est d’autant plus grand. Or la compréhension du monde représenté est ce qui permet de comprendre la séquence narrative ainsi que les dialogues et le décor qui y contribuent.
La troisième dimension du travail est évidemment de reconstruire la chaîne narrative (situation initiale, élément déclencheur, etc.) à partir du décodage du décor et de la compréhension des dialogues.
Les trois films dont sont tirés les extraits sont des comédies : les deux premiers sont des comédies sentimentales qui font une bonne part au comique; le troisième, La zizanie, est carrément un film comique. Or le comique a ses ressorts, ses procédés, ses recettes : le punch, évidemment, mais aussi les jeux d’opposition, la caricature, etc.
« Procédé comique », Assistance scolaire personnalisée.
https://www.assistancescolaire.com/eleve/2nde/francais/lexique/P-procede-comique-fx095
Verdier, A. « Ressorts comiques », Dramaturgie et scénario.
https://architecriture.wordpress.com/2007/08/02/ressorts-comiques/
Page d’un blog de conseils pour les apprentis scénaristes. L’article décortique en quoi le comique ne fonctionne pas dans une série française (Nerdz) qui copie la célèbre série américaine The Big Bang Theory.
Dans les trois scènes, les pronoms d’adresse sont au cœur de la construction comique. Pour résumer la scène en rendant compte de ce qui la rend comique, il faut donc bien comprendre leur rôle dans l’histoire.
Cette première série d’exercices d’application vise à vous aider à bien comprendre les trois extraits afin d’en faire ensuite des résumés et des comptes-rendus écrits.
Les trois films sont des comédies qui font une bonne place au comique. Les deux premiers sont des comédies sentimentales; le troisième est purement de la comédie comique. Or le comique au cinéma a ses ressorts, ses recettes : le punch, évidemment, mais aussi les jeux d’opposition, la caricature, etc. Le choix des pronoms d’adresse fait partie du comique et il faut bien comprendre leur signification dans l’histoire pour pouvoir résumer la scène en intégrant ce qui la rend comique.
Chaque scène dépeint un événement. Les premiers éléments à identifier sont donc le qui, quoi, où, etc.
Regardez chacun des extraits et répondez aux questions qui s’y rapportent. Cherchez les termes dont vous aurez besoin dans vos dictionnaires si vous ne les entendez pas dans la scène.
1. ROUVE, J.-P. (2014). Les souvenirs. Extrait « Commissariat ».
https://www.youtube.com/watch?v=xefYht84UMc
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2. ZIDI, C. (1978). La zizanie. Extrait « On ne se tutoie plus ? ».
https://www.youtube.com/watch?v=eREZWMS5xQE
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3. MOURET, E. (2006). Changement d’adresse. Extrait « On se dit tu ? ».
Extrait court comprenant seulement la proposition de tutoiement : https://www.youtube.com/watch?v=B5dxEZCX5cw
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Extrait plus long : https://www.youtube.com/watch?v=voznHjiYydQ
Le choix du tutoiement ou du vouvoiement pour s’adresser à une personne dépend :
Typiquement :
En cas de doute, on demande : « Est-ce qu’on peut se tutoyer ? » Si on veut garder ses distances, on répondra : « Je préfère qu’on se vouvoie. »
Un synopsis, c’est soit une ébauche de scénario de film qu’un cinéaste écrit comme point de départ d’un projet de film, soit un résumé (partiel) très bref d’un film qui a été réalisé. Comme résumé d’une œuvre cinématographique, il permet aux spectateurs éventuels de déterminer a priori si le film les intéresse ou non. Les critiques (reviews) du film qu’en font les journalistes peuvent confirmer ou infirmer l’intérêt de départ; ces critiques intègrent d’ailleurs le synopsis d’une façon ou d’une autre, puisque le thème et l’histoire sont des facteurs clés dans le choix des films qu’on regarde.
Observons ce synopsis du film Pour vivre ici, de Bernard Émond, présenté notamment au festival CinéFranco de Toronto au printemps 2018 :
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Analysons la façon dont les personnages et les lieux sont décrits au fil des 7 phrases (P) du synopsis :
(P1) Ébranlée par la mort subite de son époux, modeste ouvrier de Baie-Comeau reconnu pour sa bonté, Monique erre sans but dans les rues enneigées de la ville.
(P2) Puis, au contact d’un ami de la famille, l’infirmière retraitée décide d’aller visiter ses enfants à Montréal.
(P3) Mais son fils, architecte surchargé de travail jonglant avec les exigences de la garde partagée, a peu de temps à lui consacrer.
(P4) Monique trouve encore moins de réconfort auprès de sa fille journaliste, qui quitte d’urgence pour l’étranger, lui laissant la garde de son appartement.
(P5) Sans se démonter, la visiteuse de la Côte-Nord appelle Sylvie, l’ex-petite amie de son autre fils, décédé il y a quinze ans.
(P6) Auprès de la jeune éducatrice qui a voué sa vie aux enfants autistes, Monique trouve enfin l’occasion de partager des souvenirs de son défunt mari.
(P7) L’idée lui vient alors de retourner dans son patelin natal du nord de l’Ontario, où elle n’a pas mis les pieds depuis l’adolescence.
PERSONNAGES :
Monique :
En P1 sa situation de départ est donnée en apposition devant son nom (le noyau du sujet).
En P2, on la situe professionnellement.
En P3, 4 et 5, on situe ses enfants et son ex quasi belle-fille.
En P5, elle est désignée par son lieu d’origine.
Les enfants et l’ex-petit amie de son fils décédé :
En P3, longue apposition nominale qui donne à la fois la profession et la situation familiale du fils.
En P4, profession de la fille avec, en subordonnée relative les exigences de son travail.
En P6, profession de l’ex petite amie avec un jugement de caractère positif.
LIEUX :
Le film est un road movie. Trois lieux : Baie-Comeau sur la Côte-Nord (précision apportée en P5); Montréal; le nord de l’Ontario, lieu de la jeunesse (patelin = village, avec une connotation affective soit positive, soit négative).
Le synopsis campe parfaitement les personnages et les lieux. Il ne couvre pas tout le déroulement du film, ce qui est la norme dans ce type de résumé, qui vise à faire découvrir avant de voir le film et non à rappeler l’action d’un film vu ou à se substituer au visionnement.
Réglons tout de suite la question de la fonction : le résumé d’une scène de film ne sert aucune fonction autre que de vous faire écrire (et comprendre); il n’a aucune utilité documentaire ou publicitaire : c’est strictement un exercice d’écriture. Jamais dans votre vie professionnelle n’aurez-vous à écrire un résumé d’une scène de film.
Comme nous l’avons vu en 5.1, le synopsis du film ne rend généralement pas compte de la trame narrative entière. Le résumé d’une scène, par contre, rend bien compte de toute la scène, mais sans comprendre nécessairement toutes les étapes du schéma narratif (voir le chapitre précédent); il rend compte de la série d’actions formant la scène et leur dénouement : cet enchaînement forme l’épine dorsale du résumé. S’y tissent la description des personnages et du lieu. Le résumé d’une scène de film comprend donc :
Faites le résumé en moins de 100 mots de chacune des trois scènes de film (Rouve, Mouret et Zidi) que vous avez décortiquées dans l’Application A. Cette première application vous a fourni l’essentiel de votre matière première : les étapes de l’action et la description des personnages et du lieu; il vous faut maintenant les tisser ensemble. Intégrez le plus clairement possible la situation de tutoiement ou de vouvoiement, mais ne la commentez pas plus que nécessaire pour que le lecteur la comprenne : c’est la description de la scène qui doit donner à voir le côté cocasse.
Pensez à bien utiliser :
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Veillez aussi à bien construire le discours indirect. Il vous faut donc penser :
Comme les verbes introducteurs sont au présent et qu’il y a peu de discussion sur des événements passés dans les trois scènes, le temps des verbes ne devrait pas poser de problème. Le petit tableau qui suit vous rappelle quelques éléments de la transposition au discours indirect. (Il ne s’agit pas de phrases à intégrer; ce sont des exemples formels.)
Exemples formels de transposition | |
Discours direct | Discours indirect |
Mais bon, c’est pas la première fois, c’est une vraie passoire là-bas. | Le policier dit que ce n’est pas la première fois et que c’est une vraie passoire. |
Du coup, concrètement, vous pouvez faire quoi ? | Le petit-fils demande ce que la police peut faire concrètement. |
/Que voulez-vous que la police fasse ? | Il lui demande ce qu’il veut que la police fasse. |
On ne peut pas lancer un avis de recherche ? | Le père voudrait qu’on lance un avis de recherche. |
Est-ce que votre mère est majeure ? | Le policier lui demande si sa mère est majeure. |
/ Quel âge a votre mère ? | Il lui demande quel âge a sa mère. |
Pour en savoir plus et pour s’exercer Gezundhajt, H. Le connectigramme : « Le discours indirect ». Lingolia. « Le discours indirect ». Rochat, D. (2010). Contrastes, « Le discours indirect au passé », p. 192-204. |
Dernières recommandations :
Dans son sens le plus étroit, celui qu’on lui donne généralement dans un contexte scolaire, un résumé est fondamentalement objectif : on résume strictement le contenu, tout le contenu, sans analyse et sans appréciation. Vous vous souviendrez cependant que les « résumés » du Fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA de la maison d’édition ne sont absolument pas objectifs.
Les résumés que vous avez produits dans l’Application B sont quant à eux des descriptions objectives des trois scènes. Le vocabulaire appréciatif utilisé reflète strictement la façon dont les personnages vivent la situation et ce qu’ils pensent des autres protagonistes ou ce que d’autres éléments filmiques indiquent directement (par exemple le son triste du cor à la fin de la scène de Changement d’adresse qui signale le sentiment qu’on attribue au professeur). Aucun renseignement contextuel n’est donné : on n’indique pas où s’inscrit la scène dans le film ni quel est le film en cause. Il n’y a pas d’analyse, mais éventuellement, il peut y avoir une synthèse de ce qui se dégage.
Un compte rendu, au contraire, situe le texte, le film, l’événement, la situation dont il traite; il analyse et porte souvent un jugement. C’est comme un exposé, un rapport sur la chose. Un compte rendu peut donc être relativement objectif ou à l’inverse très évaluatif.
Comme étudiants à l’université, vous écrivez beaucoup de comptes rendus de lecture. Selon les domaines, selon le niveau du cours, selon les professeurs, le modèle à suivre, la « recette » variera, mais l’idée de base reste la même : rapporter le contenu en donnant à voir ce qui est important, intéressant, original, etcVoir par exemple ces deux descriptions du travail impliqué : - Département des sciences historiques (s. d.). « Le compte rendu de lecture », Université Laval [Québec].http://www.hst.ulaval.ca/services-et-ressources/guides-pedagogiques/le-compte-rendu-de-lecture/ - Gingras, F.P. (2005). « Le compte rendu critique », Cybermétho.http://aix1.uottawa.ca/~fgingras/cybermetho/modules/compterendu.html.
Dans le cadre d’un cours de français langue seconde, nos objectifs sont essentiellement langagiers. Peut-être avez-vous déjà travaillé dans un cours précédent le compte rendu d’événement, de livre ou de filmVoir par exemple :
. Blakeley-Dejy, S. (2017). Le goût de l’écrit [notes de cours du cours FRAN 2810 au Collège Glendon],
. Black, C.& Chaput, L. (2016) Invitation à écrire, 2eEdition, Canadian Scholars' Press.. Fort probablement, vous aurez alors travaillé les formulations usuelles (Le livre traite de… / Le roman de Romain Puertolas raconte… / Cet article aborde la question de…, etc.) en plus de la structure de base du compte rendu.
Attention !
On n’utilise par que si la préposition est « étoffée » par un adjectif qui la précède.
Les savoir-faire rédactionnels pour écrire une compte rendu analytique ou critique sont donc différents de ce que demande un résumé.
Voyons comment vous pourrez écrire des comptes de nos trois extraits. Vous devrez :
En atelier d’écriture en classe ou en exercice chez soi.
Écrivez un bref compte rendu d’environ 150 mots de l’un des trois extraits en expliquant bien en quoi la scène est drôle, particulièrement le jeu concernant les pronoms d’adresse.
Dans la presse écrite, on trouve différents genres d’articles : nouvelles, éditoriaux, articles d’analyse, interviews et articles de témoignage, chroniques, articles d’opinion de contributeurs externes, etc. Prenons des journaux quotidiens comme Le Devoir (quotidien du Québec), Le Monde (France), Le Soir (Belgique) ou Le Temps (Suisse), ou encore le Toronto Star : sur la plateforme web des quotidiens, on peut observer différentes organisations de l’actualité et des nouvelles. Ainsi, Le Monde range les articles d’actualité (nouvelles ou autres) dans la catégorie « En ce moment » (premier onglet à gauche).
Cherchez sur les plateformes web des quotidiens Le Devoir (quotidien du Québec), Le Soir (Belgique), Le Temps (Suisse), ainsi que dans le Toronto Star et The Globe & Mail la façon dont les articles portant sur l’actualité est classée (ou non classée).
Quelle différence établir entre « actualités » et « nouvelles » dans le classement des informations dans un journal quotidien ? Appuyez-vous sur au moins un exemple.
Répondez aux questions 1-4 du quiz de La Presse.ca sur les connaissances médiatiques.
Comme le montrent les exercices no 1 à 3, les conditions à remplir pour qu’un article soit bien un article de nouvelle sont les suivantes :
Les journaux ne sont pas des manuels scolaires : personne n’est obligé de les lire ! Ils doivent donc « aller chercher » le lecteur. C’est vrai au niveau du journal et au niveau de chaque article. Différents journaux ont différentes politiques éditoriales pour vendre de la copie (prix, plateforme et format, iconographie, type de traitement de l’information, etc.). Cela n’empêche pas qu’on peut identifier certaines constantes pour les articles de nouvelles.
Modèle de la pyramide inversée | |
Les articles de nouvelles prennent différentes formes dans les journaux et autres plateformes d’information. Ils peuvent être courts : la nouvelle « brute » reçue du fil de presse (newswire) d’une agence de presse (Associated Press, Agence France Presse, La Presse Canadienne, etc.) dès que l’événement survient. Ils peuvent être plus étoffés : autour de l’événement, le journaliste de l’agence de presse peut construire un article en faisant appel à des témoins et à des autorités, en situant l’événement dans son contexte (passé et futur), etc. Par ailleurs, les journalistes des différentes publications qui reçoivent le fil de presse des agences de presse peuvent eux aussi développer la nouvelle pour en faire un article plus substantiel ou, à l’inverse, raccourcir le texte reçu pour en faire un article plus court, par exemple un entrefilet ou une brève.
En ce qui concerne les nouvelles locales, les journalistes des médias locaux rédigeront le plus souvent directement les articles (qui peuvent ensuite être partagés avec d’autres médias au sein d’un groupe de presse, comme peuvent l’être d’autres articles).
Les institutions publiques et les grandes institutions privées sont aussi de grandes productrices de nouvelles. Elles peuvent les faire connaître par voie de conférence de presse (press conference) ou par voie de communiqué (press release) ou par un fil de presse, relayé ou non par une agence de presse.
Les différents genres de textes de nouvelles sont très codifiés. Les communiqués émanant des grandes institutions suivent presque tous le même modèle, avec très peu de variantes. L’article de nouvelle a aussi ses conventions, que le journaliste doit appliquer, à commencer par le modèle de la pyramide inversée (structure qu’on retrouve aussi dans le communiqué et qui permet de passer facilement du communiqué à l’article de nouvelle).
L’écriture d’articles de nouvelles s’enseigne dans les écoles de journalisme, mais bien des journalistes apprennent « sur le tas », n’étant pas passés par une école de journalisme. La « recette » est en fait simple et facile à appliquer. De même pour les communiqués : tous les directeurs de relations publiques et chefs des communications ne sont pas passés par des formations en relations publiques ou en communications.
Dans ce chapitre, vous allez « jouer au journaliste » pour produire à partir d’articles de nouvelles d’une certaine longueur des articles plus brefs. Le cadre fictif que vous donnerez est que vos articles courts pourraient être communiqués au public pour le mettre au courant de l’événement.
Afin de définir nos « recettes », analysons quelques articles de nouvelles pour en détailler la structure et le fonctionnement.
Lisez l’article, puis l’analyse de la structure qui suit.
Publié le 25 août 2017.
À partir du 31 août, les personnes qui ne s’identifient ni au sexe féminin, ni au sexe masculin, pourront ajouter la mention « X » sur leurs documents officiels. Le Canada se joint ainsi à une poignée de pays à travers le monde qui offrent déjà cette option, mais si certains militants s’en réjouissent d’autres disent que ce n’est pas suffisant et qu’il faut abolir la désignation de sexe.
Jeudi prochain, le passeport canadien sera plus adapté aux droits des personnes transgenres non binaires. Elles pourront exprimer leur identité de genre sans être limitées à un choix binaire : homme ou femme, mais pourront inscrire un « X », pour genre non spécifié.
La militante torontoise, Davina Hader croit que « ça permet d’entamer une conversation à travers le monde et ça reconnaît enfin le spectre des genres ».
L’Organisation de l’aviation civile internationale permet l’usage du « X » et sept pays y ont déjà recours, dont l’Allemagne, le Pakistan et la Nouvelle-Zélande.
L’approche aide à limiter la confusion aux douanes, lorsque l’apparence de la personne ne correspond pas au sexe indiqué sur le passeport.
Selon Arnaud Baudry, président de l’association FrancoQueer à Toronto estime que « ça peut mettre la personne dans une situation inconfortable, où la personne en face d’elle pense qu’elle ment, qu’elle a usurpé l’identité de quelqu’un d’autre ».
Le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, dit vouloir favoriser l’égalité pour tous les Canadiens, quelle que soit leur identité sexuelle, mais certains lui reprochent de ne pas aller assez loin comme Dominique Dubuc, qui est une militante LGBTQ à Sherbrooke au Québec.
« Pourquoi est-ce qu’on est obligé d’avoir un marqueur du sexe sur nos papiers d’identité ? Autrefois on avait la race, la religion, à quoi ça sert d’avoir le sexe ? »
Dominique Dubuc, militante LGBTQ
D’autres craignent d’être refoulés à la frontière de pays comme l’Arabie Saoudite ou la Russie, où les personnes non binaires risquent d’être persécutées. « Ça forcera les gens à faire leur coming-out en tant que personne trans, et ils pourraient avoir des problèmes », croit Arnaud Baudry.
Le Canada recommande d’ailleurs aux personnes non binaires de consulter les mises en garde au voyageur avant de se rendre dans un de ces pays.
L’Ontario est la seule province à accepter le genre neutre sur les permis de conduire. Depuis le mois de mars, 160 personnes ont choisi le « X ».
Avec le reportage de Natasha MacDonald-Dupuis
| Titre sous forme de phrase qui vise à résumer la nouvelle.
En somme, toute la nouvelle est ici résumé | ||
| Précision sur le quand. | ||
| Propos rapportés : témoignage. | ||
| Contexte. | ||
| Explication du pourquoi (cause, but), notamment par des propos rapportés. | ||
| Conséquence négative anticipée.
Contexte : mesure du même ordre en Ontario |
Monique Santé, chroniqueuse indépendante, Toronto, jeudi 14 juin 2018.
La police de Toronto a annoncé aujourd’hui l’ouverture d’une enquête concernant le vol d’une gravure de Banksy dans une galerie d’art qui consacre une exposition au célèbre artiste de rue britannique.
« Nous avons reçu un appel concernant une entrée par effraction dans l’ouest de la ville, a expliqué une porte-parole de la police, Jenifferjit Sidhu. Dans les petites heures du matin, dimanche dernier, une gravure de Banksy a disparu de l’exposition. »
Une vidéo de surveillance de la galerie a été diffusée. On y voit un individu s’introduire sur la pointe des pieds dans le bâtiment vers 5 heures du matin, décrocher une des gravures du mur et repartir avec elle sous le bras. Un appel à témoins a été lancé.
La valeur de l’œuvre dérobée, Trolley Hunters, est estimée à environ 45 000 dollars. On y aperçoit des hommes en tenue primitive dans un champ de hautes herbes pointant des lances affûtées en direction de caddies vides.
« C’est une très belle pièce et nous espérons bien la retrouver », a affirmé Corey Ross, président de Starvox Entertaiment, qui parraine l’événement.
L’exposition L’Art de Banksy, montée sans son autorisation par l’ancien gérant de l’artiste, Steve Lazarides, s’est ouverte le 13 juin dans un bâtiment industriel transformé en galerie d’art. On y présente environ 80 œuvres (sculptures, sérigraphies, toiles et pièces multimédias) provenant de collections privées. On peut y admirer des œuvres célèbres , comme La petite fille au ballon, dans laquelle on voit une fillette qui lâche un ballon en forme de cœur, ou encore Flag Wall, une interprétation urbaine de la célèbre photo de soldats américains qui hissent le drapeau des États-Unis sur l’île japonaise d’Iwo Jima en 1945 pour signaler la prise de l’île par les États-Unis.
Artiste contestataire, Banksy a toujours cultivé le plus grand mystère sur sa véritable identité et il n’a pas parlé à son ancien gérant depuis plus de dix ans, aux dires de l’intéressé lui-même. Lazarides a beau présenter l’événement comme l’exposition la plus grande à ce jour consacrée à Banksy, il admet lui-même qu’il s’agit d’une exposition sur l’art de Banksy et non d’une exposition de Banksy.
À 35 $, le prix du billet d’entrée dépasse celui des plus grandes expositions de l’année à Toronto ou à Ottawa : 30 $ pour Yayoi Kusama à l’AGO ce printemps et 20 $ pour Trésors impressionnistes (de la collection du musée Ordrupgaard de Copenhague) au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa. De nombreux amateurs ont d’ailleurs réagi à ce prix élevé sur les réseaux sociaux, dénonçant la récupération commerciale d’un artiste de rue. Lazarides explique pour sa part que monter une exposition de cette ampleur engendre des coûts considérables qui ont besoin d’être amortis.
L’exposition, qui s’est ouverte le 13 juin, se poursuit jusqu’au 11 juillet prochain au 213, rue Sterling, dans le quartier de la Jonction, dans l’ouest de la ville.
Mettez des étiquettes sur chacun des paragraphes de l’article sur le vol d’une gravure de Banksy, selon le modèle de l’analyse faite pour l’article sur les passeports non genrés.
Version MS Word de l’exercice ici
Résumer une nouvelle implique qu’on s’assure que le résumé comprendra bien les réponses à toutes les questions pertinentes compte tenu du sujet. Pour qu’il y ait nouvelle, il faudra toujours au moins le qui, le quoi et le quand. Un article du genre « nouvelle » comprend souvent une ou des citations. Ces citations sauteront presque assurément dans la version courte.
Un peu comme dans le résumé d’un texte narratif, il vous faudra presque assurément « délinéariser » le texte de départ : le « quand » et le « où » seront sans doute intégrés en complément dans la 1re phrase (comme c’est d’ailleurs souvent déjà le cas, dans une nouvelle plus longue). Lisez attentivement le titre et le « chapeau », qui comprennent déjà l’essentiel de la nouvelle.
De façon générale, portez une attention particulière à l’ensemble des compléments facultatifs qui vous permettent d’intégrer des éléments d’information subordonnés dans les phrases. Il s’agit en particulier des subordonnées relatives (notamment les subordonnées relatives explicatives intégrées dans un sujet) et des compléments circonstanciels (quelle que soit leur forme syntaxique).
Pour bien jouer de la complémentation, pour bien choisir les éléments d’information à subordonner, pensez à la structure informative de la phrase : ce qui est en tête (les compléments antéposés, le sujet) est le point de départ, le donné; ce qui est en prédicat (le verbe et ses compléments, les subordonnées circonstancielles en fin de phrase) constitue l’information importante, nouvelle dans la phrase. Du point de vue informatif, la phrase a ainsi deux composants :
Ce dont on parle (le thème) + ce qu’on en dit (le propos, ou le rhème) |
Ainsi, dans la 1re phrase du 1er article ci-dessus, la date est placée complètement en tête parce que le but de la phrase de la phrase n’est pas de dire à partir de quand la mesure sera effective, mais de dire quelle est la mesure :
Ce dont on parle :
À partir du 31 août, les personnes qui ne s’identifient ni au sexe féminin, ni au sexe masculin
Ce qu’on en dit :
pourront ajouter la mention « X » sur leurs documents officiels.
Le scripteur répartit ainsi l’information entre thème et propos en fonction de sa vision de la construction de l’information. La 1re phrase du 2e article sur le vol d’une gravure de Banksy se présente ainsi :
La police de Toronto a annoncé aujourd’hui l’ouverture d’une enquête concernant le vol d’une gravure de Banksy dans une galerie d’art qui consacre une exposition au célèbre artiste de rue britannique.
Ce dont on parle :
La police de Toronto
Ce qu’on en dit :
a annoncé aujourd’hui l’ouverture d’une enquête concernant le vol d’une gravure de Banksy dans une galerie d’art qui consacre une exposition au célèbre artiste de rue britannique.
La police de Toronto n’étant en rien le thème de l’article, on pourrait remettre en cause ce début de texte, mais les articles de nouvelles sont construits pour se lire vite et le premier paragraphe fonctionne dans la continuité du titre :
Une gravure de Banksy dérobée dans une exposition à Toronto
Il est donc normal, sur le plan informatif, de passer du vol à la police : la progression thématique est en fait efficace.
Il est devenu coutume de découper à l’extrême les paragraphes dans les articles de nouvelle. Sur les onze paragraphes du 1er article sur les passeports canadiens, neuf ne sont constitués que d’une seule phrase graphiqueLa phrase graphique est délimitée par la majuscule initiale et le point à la fin. Elle ne correspond pas nécessairement à la phrase syntaxique, qui ne comprend qu’une seule proposition principale et les subordonnées qui en dépendent. Par exemple, la phrase graphique dans laquelle cette note s’insère est constituée de deux phrases du point de vue syntaxique.; seuls deux paragraphes (les deux premiers) comprennent plus d’une phrase graphique (deux phrases graphiques chacun).
Ce découpage graphique extrême des paragraphes convient bien dans un article de nouvelle (sans grande analyse), où l’on veut de surcroit bien détacher les propos rapportés. Il permet plus facilement aux lecteurs de sauter par-dessus les éléments d’information qui ne les intéressent pas (ou les intéressent moins).
Dans un entrefilet ou une brève (article de nouvelle très bref, souvent de trois à cinq phrases), on regroupe généralement toutes les phrases en un seul paragraphe, en resserrant les liens entre les éléments pour assurer une forte cohésion sémantique au sein du paragraphe.
Pour rendre compte des tenants et des aboutissants d’une situation, d’un événement, vous avez besoin de bien manier les marqueurs de relation. Dans vos cours de français de niveau intermédiaire, vous avez abondamment travaillé l’expression de la cause et de la conséquence. Reportez-vous à vos manuels des cours précédents pour vous remémorer ce travail. Vous trouverez en annexe dans ce manuel des tableaux récapitulatifs sur les marqueurs de cause et de conséquence. Vous en trouverez aussi bien d’autres sur Internet; faites simplement attention à ne pas choisir des tableaux qui ne fournissent que des listes « toutes nues », sans explications. De façon générale, choisissez soigneusement vos adverbes de phrase, vos conjonctions de subordination et vos prépositions.
En effet etin effect n’ont pas le même sens en français et en anglais. Ce sont de faux amis (false cognates). Il en est de même pour en fait et in fact.
Cherchez la définition de en effet /in effect et en fait /in fact dans vos dictionnaires. Employez ensuite en effet et en fait dans des séquences de deux phrases qui porteront sur la désignation ou non du sexe sur les passeports et qui montreront bien le sens de ces deux marqueurs en français (et donc la différence avec l’anglais).
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Une brève est une nouvelle abrégée. C’est une forme très fréquente à la radio, mais on trouve aussi des brèves dans les médias écrits, en particulier pour des nouvelles saugrenues (parfois dans une rubrique « Insolite »). Même pour la radio, la brève est généralement rédigée avant d’être lue en ondes. Une école de journalisme, un média en particulier imposera peut-être un format très précis. Aux fins des tâches de rédaction ci-dessous, nous nous arrêterons aux 3 critères suivants :
Écrivez une « longue brève » de 100 à 120 mots (compte de MS WordPour que MS Word compte, sélectionnez le texte et le nombre de mots de la sélection s’affichera dans le bas; Sinon sélectionnez « Statistiques » dans le menu de révision.) à partir de l’article :
« Plus qu’un “X”, certains réclament l’abolition de la désignation de sexe sur les passeports ».
a) Écrivez une « longue brève » de 110 à 130 mots (compte de MS Word) à partir de l’article :
« Une gravure de Banksy dérobée dans une exposition à Toronto ».
Vous pouvez reprendre des formulations de l’article, mais vous ne pouvez pas vous limiter à sélectionner 5 ou 6 phrases.
b) Transformez votre première version en une version plus courte ne dépassant pas 70 mots.
En cette ère de post-vérité (le mot post-vérité a été ajouté dans le Petit Robert en 2018), les fausses nouvelles abondent. Comment les reconnaît-on ? En premier lieu par leur source et leur modalité de circulation.
Lisez la page de Bibliothèque et Archives nationales du Québec sur les fausses nouvelles pour savoir mieux les reconnaître, puis finissez le quiz de La Presse.ca commencé dans l’exercice no 3 de ce chapitre.
a) Créez une brève d’environ 125 mots rapportant une fausse nouvelle selon les critères suivants :
b) Récrivez votre brève en environ 70 mots en retirant notamment les marques de modalisation.
Dans le chapitre 4, nous avons travaillé le résumé d’articles de nouvelle en analysant leur structure :
Dans ce chapitreNous remercions Sylvie Déjy-Blakeley, qui a collaboré à la rédaction de ce chapitre., nous allons travailler le résumé d’articles d’analyse. Leur visée n’est pas d’informer, mais de faire réfléchir, de faire comprendre une problématique. Ils seront donc généralement plus longs que les articles de nouvelles et notre façon de les aborder pour les comprendre et les résumer sera différente.
Nous y lierons un travail guidé sur les aspects suivants du décodage (lecture) et de l’encodage (écriture du résumé) :
Une lecture efficace demande qu’on comprenne bien le cadre de production du texte et sa visée afin de situer l’information, l’analyse et l’argumentation qu’il véhicule.
Une lecture efficace est aussi une lecture active, qui met le texte en relation avec ce qu’on sait déjà.
C’est également une lecture critique, qui soupèse l’intérêt de l’article en évaluant la fiabilité et la pertinence des informations et en analysant la validité des argumentations.
Une lecture active et critique permet de s’approprier le contenu pour pouvoir résumer le texte ou réutiliser des idées, des analyses dans d’autres textes.
L’article que nous allons travailler, « Peut-on rire de tout ?, est tiré de L’actualité, un mensuel québécois grand public qui traite d’affaires publiques et fait une large place aux questions de société et aux sujets culturels.
Le titre, « Peut-on rire de tout ? », résume parfaitement le thème de l’article. Faire une lecture active commence dès le titre : à quoi peut-on s’attendre ? à quelles conclusions pense-t-on que l’article arrivera ? Une façon de donner corps à la représentation a priori qu’on se fait du contenu texte est de reformuler le titre.
Reformulez le titre « Peut-on rire de tout ? » de quatre façons différentes, deux fois sous forme de groupe nominal (GN) et deux fois sous forme de phrase, interrogative ou non (P).
On comprend aisément que l’article répond à la question posée dans le titre. En transposant au niveau du texte la structure informative de la phrase (CE DONT ON PARLE + CE QU’ON EN DIT, ou, formulé autrement, THÈME + PROPOS ou encore, THÈME + RHÈME), on peut formuler le contenu de l’article sous forme binaire :
CE DONT ON PARLE (thème) | CE QU’ON EN DIT (propos) |
Quelles limites, s’il y en a, à l’humour ? | Dénégation de limites ou, au contraire, affirmation de limites
Il n’est pas trop difficile de prévoir, sur la base de notre connaissance du monde et du magazine L’actualité que l’article affirmera l’existence de limites et s’appuiera sur des cas concrets d’humoristes québécois. |
Faites quelques prédictions supplémentaires sur le contenu de l’article « Peut-on rire de tout ? ».
Souvent, l’étape de prélecture se fait inconsciemment… et parfois trop rapidement. Or, prendre le temps de s’arrêter un peu sur le sujet, de faire le tour dans sa tête de ce qu’on sait déjà avant d’entamer la lecture accroît la compréhension. Quand on commencera à lire, on relèvera plus vite ce qu’on sait déjà, on jugera mieux les idées, on fera plus facilement des liens entre ce qui est écrit dans l’article et ce qu’on sait et pense soi-même.
Répondez aux questions suivantes.
Résumer un article d’analyse requiert qu’on cerne bien le cadre de l’analyse :
Lisez l’article « Peut-on rire de tout ? » de Catherine Dubé (L’actualité, vol. 40, no 3, 2015), que vous trouverez ici : http://lactualite.com/societe/2015/02/13/peut-on-rire-de-tout/, puis lisez les questions suivantes et répondez à celles qui, selon vous, vous aideront à mieux pénétrer le sens du texte.
Toutes les références culturelles n’ont pas besoin d’être élucidées pour comprendre l’analyse et la résumer, mais on a certainement besoin d’en comprendre une partie, sinon on risque de déformer le sens, de passer à côté d’une partie de l’analyse.
Le but de cet exercice n’est pas de vous faire nécessairement trouver la réponse à toutes les questions, mais de vous faire voir dans quelle mesure vous êtes capable d’identifier les références et allusions culturelles, d’en comprendre certaines sans faire de recherche et d’élucider celles que vous sentez avoir besoin de bien comprendre pour suivre les raisonnements.
Téléchargez l’exercice en format MS Word ici
Avant d’entamer la rédaction d’un résumé, il est essentiel d’avoir dégagé l’idée dominante de l’article, ce que les anglophones appellent la « thèse », c’est-à-dire le point de vue, la conception globale qui se dégage du texte. Ce travail vous permet ensuite de rattacher chaque élément de la réflexion à ce fil directeur.
Pour que l’opération soit vraiment synthétique, il est bon de formuler la thèse en une seule phrase. Ce « résumé extrême » aide par la suite à situer chaque point développé, son poids, son rôle argumentatif et les rapports avec le reste de la réflexion.
Formulez en une seule phrase ce que Louise Richer, la directrice de l’École nationale de l’humour du Québec, dit sur l’humour (ou plus précisément sur son évolution au Québec).
Dans tout texte, il y a des mots, des expressions dont la compréhension fine est essentielle pour bien comprendre. Or, il arrive souvent qu’on ne relève même pas ces mots et ces expressions qui sont vitales pour appréhender le sens du texte.
Comprendre à quoi réfère un mot, un terme dans un texte signifie davantage que reconnaître le mot. Cela implique de comprendre exactement dans quel sens il est employé. Si les termes (unités lexicales d’un domaine particulier) sont généralement monosémiques, ce n’est pas le cas des mots de la langue courante.
Donnez une brève définition ou un synonyme des 11 mots et expressions en gras dans les phrases de l’exercice. Aidez-vous au besoin d’Antidote, du Petit Robert, de Word Reference, du Wikitionnaire ou d’une autre ressource, mais ne vous limitez pas à une ressource strictement bilingue qui vous donne seulement un équivalent en anglais.
Il n’est à peu près jamais nécessaire (ni souhaitable) de chercher le sens de tous les mots d’un texte qu’on ne connaît pas ou qu’on connaît mal. N’hésitez pas à ajouter d’autres mots et expressions.
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Sans doute avez-vous pu décoder certains des mots et expressions de l’exercice précédent par le contexte, même si vous ne les connaissiez pas. Ce devrait être encore plus le cas pour les mots et expressions de cet exercice
Expliquez brièvement les mots et expressions en gras par une paraphrase ou un synonyme (ou un équivalent en anglais si vous préférez).
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Comprendre un texte demande de comprendre son ancrage sociotemporel et culturel (dont les références et allusions), sa visée, le vocabulaire qui porte le sens… En même temps que ce décodage se fait le décorticage idéationnel et structurel.
Contrairement à ce qui se passe dans les articles de nouvelles, dont la paragraphaison est le plus souvent « extrême » (un paragraphe = une phrase ou deux, rarement plus de trois), l’article d’analyse demande des développements autour de chaque idée.
Comme vous l’avez vu, l’article « Peut-on rire de tout » est en réalité une interview de la directrice de l’École nationale de l’humour du Québec. L’interview a ensuite été abondamment édité pour avoir une forme écrite. Les questions structurent l’article en sous-thèmes et guident la lecture à une premier niveau. Au lecteur de pousser plus loin la représentation schématique
Recopiez dans le tableau du document que vous trouverez ici en format MS Word les parties de l’article qui correspondent à l’analyse proposée dans la colonne de droite. Améliorez, précisez l’analyse fournie dans la colonne de droite pour qu’elle vous aide ensuite à produire un résumé qui fasse justice à ce que dit Louise Richer de l’humour au Québec.
Dans l’exercice 8 de la section précédente, chaque section a été analysée, synthétisée. À partir de ce travail, on peut élaborer un plan de résumé, qui sera fonction de la longueur du texte à produire : plus le résumé sera court, plus il faudra abstraire et moins on retiendra d’exemples.
Nous lisons l’article « Peut-on rire de tout ? » à une date ultérieure, dans un lieu probablement autre que le Québec, avec notre connaissance du monde, tel que le monde est actuellement. Notre ancrage détermine notre lecture, l’oriente. Notre compréhension et notre interprétation de l’article ne sont pas exactement les mêmes de ce qu’elles auraient été en 2015. Pour objectif qu’il soit, notre résumé sera conditionné par notre représentation du monde tel qu’il est actuellement (sinon, autant laisser un robot faire l’extraction).
L’article « Peut-on rire de tout » fait juste un peu au-dessus de 1000 mots (1040 au compte de MS Word).
Concevez un plan pour un résumé de 250 mots (soit environ le quart) et pour un résumé de 125 mots (environ le huitième).
Le travail de résumé repose largement sur la reformulation. On ne peut que rarement faire du collage; pour joindre les idées dans un nouveau texte plus court, on a besoin de trouver de bonnes reprises, de recréer des liens pertinents et même parfois d’ajouter des explicitations (par exemple, au Québec), puisque le résumé n’a pas nécessairement le même cadre de production et de lecture que l’article, et aussi parce qu’en retranchant les détails qui soutiennent les idées, on perd certains liens.
Les deux exercices qui suivent vous amènent à penser la reformulation du point de vue lexical.
Comme vous le savez, il n’existe pas de synonymes totaux; il y a toujours une différence entre deux synonymes, qu’elle soit de registre ou d’affectivité (livre/bouquin; bicyclette/vélo), d’intensité (aimer/adorer), de point de vue ou d’appréciation (foule /cohue), de contexte d’emploi (affronter qqch / braver la tempête), etc.
Le champ des synonymes se distingue aussi dans l’échelle de l’hyperonymie (sens plus général) et de l’hyponymie (sens plus spécifique). Cette dimension de la synonymie est constitutive de la structuration d’un champ de connaissance, d’activité.
Trouvez dans l’article et dans le dictionnaire des synonymes d’Antidote des synonymes des mots humour, humoriste et blague en les caractérisant dans leur valeur spécifique ou dans l’échelle l’hyperonymie/hyponymie.
Intensif | Int. |
soutenu | Sout. |
– soutenu ( familier) | – Sout. |
Péjoratif | Péj. |
Mélioratif | Mél. |
Hyperonyme | Hyper |
Hyponyme | Hypo |
Relever les périphrases analytiques et évaluatrices utilisées dans l’article pour parler de l’humour, des humoristes et des blagues, qu’elles contiennent ou non le terme clé.
Parmi les structures qui permettent le mieux d’« économiser » des mots, mentionnons les suivantes :
Utilisation de l’apposition
|
Reformulation : |
Suppression de présentatifs et de mises en relief |
Reformulation :
Reformulation :
Reformulation :
|
Dépersonnalisation |
Reformation : |
Dans les exercices de résumé scolaires traditionnels, on aime bien demander de produire un « résumé au quart de mots ». Vous comprendrez que cette contrainte n’est pas d’ordre théorique : qu’on raccourcisse un texte à la moitié, au quart, au huitième du texte ou en une phrase relève d’une démarche de résumé
Le résumé au quart est cependant intéressant à travailler pour les textes d’idées (ce que sont des articles d’analyse) de quelques pages parce qu’il permet de rendre le raisonnement dans toutes ses étapes ou composantes. Nous emprunterons donc ce modèle ici.
Rédigez un résumé de l’article « Peut-on rire de tout ? » qui représente environ le quart de la longueur. L’article comptant environ 1040 mots ( selon le compte de MS Word), votre résumé en fera autour de 250 (donnez-vous une fourchette de 225 à 275 mots)Pour rappel, le compte de MS Word se fait sur la base des espaces et donc « l’humoriste » = un seul mot pour MS Word, même si la séquence en compte réellement deux. Comme le compte de mots de l’article est celui de MS Word, le compte du résumé le sera aussi.. Suivez les conseils et consignes suivants.
N.B. : Votre professeure vous donnera peut-être des instructions différentes ou même un autre texte à résumer.
On trouve dans l’écriture de synthèses la même diversité de démarches et de finalités que dans l’écriture de résumés. De quels genres de textes part-on : articles de presse, rapports, articles savants, etc. ? Quel traitement est donné au sujet dans les textes : explication, argumentation, description ? Les différents textes qu’on utilise vont-ils tous dans le même sens, auquel cas la synthèse sera une espèce de compilation additive ou présentent-ils des analyses, des points de vue opposés, auquel cas la synthèse visera plutôt à mettre en lumière les différences de points de vue ? Et quelle est la visée de la synthèse au-delà de l’exercice de rédaction ? Comme dans les chapitres précédents sur le résumé, nous chercherons à donner une réalité discursive aux synthèses produites par des mises en situation.
On oublie parfois de s’appuyer sur la racine et les affixes (préfixes et suffixes) d’un mot pour en analyser le sens. Dans le mot synthèse (et ses dérivés), on trouve l’élément grec syn-, qui signifie « avec », « ensemble » (pensez à symphonie, synergie, syntaxe, syntagme…) et thesis, également du grec, et renvoie à ce qui est posé, affirmé dans le discours.
Si vous lisez maintenant l’article synthèse dans le Petit RobertÉdition 2018. (PR), vous verrez que celui-ci propose un découpage des sens plus complexe que ce à quoi on pourrait s’attendre. La première grande division oppose l’action à son produit :
I. Opération qui procède du simple au composé, de l’élément au tout.
II. Ensemble constitué par les éléments réunis ; résultat d’une synthèse (I).
On retrouve ici la même opposition qu’entre résumer (opération) et résumé (produit de l’opération de résumer). Il est important de bien percevoir cette dualité : on synthétise constamment de l’information, mais un texte résultant de cette opération mentale n’est pas toujours ce qu’on appelle une synthèse.
Revenons à la synthèse comme opération (regroupement I dans le PR) : le PR divise l’opération entre la démarche générale et son application à des objets spécifiques :
A. Activité de l’esprit sur des objets de pensée.
B. Fusion, réunion d’éléments concrets ou abstraits en un tout.
Du point de vue de l’opération mentale, c’est ce travail de fusion, de réunion d’éléments en un tout qui nous intéresse dans ce chapitre : pour fusionner, pour réunir, il faut déterminer quelles sont les relations entre les morceaux d’information qu’on cherche à réunir. C’est cette analyse qui guidera le travail concret de production d’un texte de synthèse.
L’adjectif synthétique, pour sa part, renvoie et à l’opération (ex. : un esprit synthétique est un esprit qui sait construire une vision globale à partir des morceaux) et au produit (ex. : un exposé synthétique dégage l’essentiel en mettant en lumière les relations entre les éléments).
Le verbe synthétiser, quant à lui, désigne l’action soit comme opération mentale, soit comme opération concrète portant sur un ensemble de textes. Lorsqu’il désigne l’opération mentale, il concerne aussi bien le résumé que la synthèse.
Souvenons-nous que la démarche mentale pour produire un résumé est double :
Synthétiser à partir de plusieurs sources, plusieurs documents, c’est également construire un nouvel ensemble d’informations selon une démarche alliant analyse et synthèse :
L’organisation de l’information consiste à créer un plan additif ou oppositif, selon les quatre opérations suivantes : sélection, regroupement, hiérarchisation et ordonnancement.
À retenir, à appliquer :
Pour effectuer la synthèse de plusieurs textes, il est primordial de déterminer quelles relations s’établissent entre les informations fournies dans les différents textes : y a-t-il simplement accumulation (addition) de données ou y a-t-il des points de vue différents qui s’opposent ? Entre des textes strictement informatifs, le rapport sera davantage de l’ordre de l’addition ; entre des textes analytiques, on aura plus facilement des points de vue divergents.
Tout comme on peut distinguer différents types de résumé (résumé-contraction scolaire, résumé analytique, compte rendu…), on peut distinguer différents types de textes de synthèse.
La synthèse comme exercice scolaire varie selon les disciplines et les niveaux scolaires. Dans un programme de commerce, de comptabilité, d’administration, par exemple, on s’exercera à produire des bilans en tous genres. Dans les domaines technique et scientifique, on s’exercera à la rédaction de rapports d’expérimentation, de faisabilité et de recherche. Enfin, toutes les recherches scientifiques impliquent la rédaction d’études; la thèse de maîtrise ou de doctorat comporte une démarche synthétique : synthèse des recherches/expériences préalables (état de la question, revue de la littérature) et synthèse de sa propre recherche, sa propre expérimentation et réflexion. Dans le cadre d’un cours de rédaction générale, on fabrique des exercices de synthèse ne reposant pas sur un corpus de données trop riche ou trop spécialisé, mais permettant un travail de synthèse sur les plans cognitif (de cognition, c’est-à-dire la pensée) et linguistique.
La synthèse comme document professionnel ou scientifique couvre les rapports, études, bilans et fiches de synthèse en tous genres, notamment les notes de breffage. La fiche de synthèse est d’ailleurs un genre fondamental dans les études comme au travail : des notes de cours, de stage ou de lecture, par exemple, sont plus utiles sous forme synthétique que chronologique.
Une synthèse n’est pas écrite de la même façon selon qu’on la fait pour soi ou pour d’autres lecteurs, selon qu’on l’écrit comme trace d’un ensemble de connaissances, comme outil didactique ou comme outil de travail à part entière.
Prenons l’exemple des textes encyclopédiques, qui sont tous, par définition, synthétiques. Ils varieront du tout au tout selon qu’ils s’adressent à des spécialistes ou au grand public, à des personnes savantes ou à des personnes peu éduquées, à des adultes ou à des enfants.
L’écriture d’une synthèse, quelle qu’elle soit, demande donc en premier lieu qu’on précise la situation de communication : à quel titre écrit-on, dans quel but et pour qui ?
Depuis les premiers chapitres, nous avons visé à inscrire les tâches de rédaction dans des situations de communication possibles au-delà de l’exercice strictement scolaire. Orienter l’écriture vers une finalité réelle (même fictive) permet de faire des choix discursifs, stylistiques, structurels ancrés dans une représentation concrète de destinataires fictifs qui ne sont pas uniquement votre professeure.
Dans les applications qui suivent, nous nous servirons des termes mandat d’écriture et cadre de production pour définir les situations de communication. Un mandat, c’est ce qu’une cliente, une patronne vous confie comme travail. L’utilité du terme pour la rédaction, c’est qu’il aide les deux parties (dans notre cas, le professeur et l’étudiant) à vérifier que tous les paramètres de l’écriture sont bien définis. Dans un mandat d’écriture professionnel, on précisera entre autres le tarif, l’échéance, les pénalités de retard. Dans un travail scolaire, on précisera les critères d’évaluation, le barème de correction, etc. Certains paramètres s’appliquent autant à un texte scolaire que professionnel : longueur et date de remise, notamment.
Le mandat, c’est donc plus que le sujet; c’est toutes les « obligations contractuelles » que le texte doit remplir. Or, tant dans le monde professionnel qu’à l’université, les mandats ne sont pas toujours clairs : quelle est la longueur, qu’est-ce qui le plus important, quelle liberté a-t-on… ? Aborder la tâche comme un mandat permet de valider que toutes les instructions nécessaires sont fournies, que tous les paramètres sont définis. Trop souvent, des rédacteurs et des étudiants se font dire, une fois leur travail remis, que le texte ne correspond pas à ce qui était demandé. Mais les attentes étaient-elles clairement formulées ? C’est à la rédactrice, à l’étudiante de s’assurer qu’elle a en main des instructions complètes et claires.
Pour qu’un mandat d’écriture soit complet, il faut que le cadre de production soit clair. À quel titre la personne qui écrit le texte l’écrit-elle ? Comme expert, comme personne en position d’autorité, comme témoin ? Comment le texte va-t-il être utilisé, à quoi au juste servira-il ? Définir le cadre de production, c’est définir ces paramètres, qu’on ne peut pas toujours inférer à partir des indications générales.
Les sujets de rédaction qui vous sont proposés ci-dessous appellent tous trois une démarche de synthèse d’ordre additif. Il ne s’agit pas de confronter des descriptions, des analyses divergentes, mais de rassembler des informations venant de différentes sources au sein d’un nouveau texte.
Votre professeur vous donnera peut-être ensuite un sujet demandant une démarche comparative ou oppositive plutôt que simplement additive.
MANDAT D’ÉCRITURE
Écrivez un texte de synthèse de 350 à 400 mots sur le haïku pour un manuel de français de 10e année. Présentez votre texte dans un encadré. Découpez-le en trois ou quatre sections, qui auront chacune leur sous-titre. Donnez un titre accrocheur à votre synthèse.
Étapes à suivre
Exemple :
Titre provisoire : [ ]
Intro provisoire : [situer le haïku au sein de la poésie et donner une définition
Sous-titre 1 : [ ]
Sous-titre 2 : [ ]
Sous-titre 3 : [ ]
‘Quelques références qui pourront vous être utiles
Réflexion pré-écriture
Savez-vous ce qu’est le patrimoine culturel immatériel ? Donnez-en une définition écrite à partir de ce que vous en connaissez ou, à défaut, en faisant une paraphrase définitoire du terme.
MANDAT D’ÉCRITURE
À partir des deux textes reproduits ci-après et d’au moins une autre source (vous pouvez utiliser les trois références qui suivent les deux textes reproduits), construisez un texte original de 250 à 300 mots qui présente BIEN ce qu’est le patrimoine culturel immatériel et ses enjeux.
Précisions sur le cadre de production
Vous vous adressez à des gens instruits, au Canada. Donnez un ancrage canadien (au moins minimal) à votre texte. Votre texte aura une visée encyclopédique : il vise à faire connaître le concept, l’intérêt du patrimoine immatériel et les enjeux qui s’y rattachent.
Consignes et conseils
Réfléchissez bien à votre plan de synthèse AVANT de rédiger. Comme vous ne présenterez pas l’ensemble de l’information proposée dans les documents, il vous faudra construire une nouvelle démarche explicative en réorganisant l’information. Utilisez de l’information venant d’au moins trois textes.
Produisez un plan écrit de votre texte. Intégrez-le dans le travail que vous remettrez (le cas échéant). Confrontez votre plan à votre texte quand vous aurez fini celui-ci; faites les changements appropriés soit dans le plan, soit dans le texte.
Donnez les références bibliographiques pour tous les textes que vous utiliserez (ceux proposés ci-après et tout autre texte dont vous vous serez servi).
Limitez les citations directes. Préférez la paraphrase, sauf, par exemple, pour une définition venant d’une autorité (l’Unesco, par exemple) ou pour un commentaire fort venant d’un intervenant important.
Certains éléments explicatifs généraux, qui peuvent se répéter dans plusieurs textes, n’ont pas besoin d’être attribués à une source particulière : vous n’êtes pas en train d’écrire un travail de recherche ou d’analyse pour un cours de sociologie ou autre, mais un texte d’information générale, lequel, avec les adaptations pertinentes, pourrait trouver sa place dans une encyclopédie, un manuel scolaire, un magazine. Ce genre de texte ne donne pas systématiquement de références sur la sources des idées (qu’il soit bien clair que l’absence d’attribution des idées aux différentes sources ne s’applique pas à la rédaction de vos travaux de recherche et notes de lectures de façon générale).
Qu’est-ce que le patrimoine culturel immatérielUNESCO (s.d). Qu’est-ce que le patrimoine culturel immatériel ? Repéré à http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00002 (Autorisation de reproduction en instance d’obtention.) ?
Ce que l’on entend par « patrimoine culturel » a changé de manière considérable au cours des dernières décennies, en partie du fait des instruments élaborés par l’UNESCO. Le patrimoine culturel ne s’arrête pas aux monuments et aux collections d’objets. Il comprend également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel.
Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante. Avoir une idée du patrimoine culturel immatériel de différentes communautés est utile au dialogue interculturel et encourage le respect d’autres modes de vie.
L’importance du patrimoine culturel immatériel ne réside pas tant dans la manifestation culturelle elle-même que dans la richesse des connaissances et du savoir-faire qu’il transmet d’une génération à une autre. Cette transmission du savoir a une valeur sociale et économique pertinente pour les groupes minoritaires comme pour les groupes sociaux majoritaires à l’intérieur d’un État, et est tout aussi importante pour les pays en développement que pour les pays développés.
Le patrimoine culturel immatériel est :
N.B. : Soyez bien conscient que le texte ci-dessous a été écrit dans un contexte québécois et que ce qui porte spécifiquement sur le Québec ne sera pas pertinent pour votre synthèse.
Enjeux du patrimoine immatérielTexte sans date et maintenant indisponible sur Internet qui avait été affiché sur le site du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec (maintenant ministère de la Culture, et des Communications).
La déclaration d’Istanbul (septembre 2002) et, un an plus tard la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (octobre 2003) sont venues confirmer la position de plusieurs pays membres de l’UNESCO quant à la reconnaissance formelle du patrimoine culturel immatériel comme vecteur de l’identité culturelle des peuples et assise à la diversité.
Contexte de mondialisation
Facteur vital de l’identité et de la diversité des peuples, le patrimoine immatériel représente, dans le contexte de la mondialisation, un atout de taille pour lutter contre la tendance à l’uniformisation et à la banalisation des cultures. En soi, la mondialisation n’a pas que des effets pervers, bien au contraire. Elle est aussi une formidable occasion pour les peuples de s’ouvrir au monde et d’accéder à des marchés autrefois inaccessibles. S’insérer dans la mondialisation, ce n’est pas perdre sa différence mais la cultiver.
Cette différence est fortement identitaire. Les cultures étant constituées de multiples identités individuelles et collectives, l’identité dont il est question ici n’est pas singulière mais plurielle. L’exemple du Québec est fort éloquent. La société québécoise, en effet, s’est formée au cours des siècles au contact des nombreuses communautés, autochtone, francophone, anglophone, italienne, grecque, asiatique et autres, qui ont habité, développé et modelé le pays.
Si pendant longtemps l’identité a été définie par rapport à soi, à partir de ses propres traditions, elle est de plus en plus considérée comme découlant aussi de l’Autre, c’est-à-dire d’emprunts faits à d’autres cultures. C’est ce que certains spécialistes appellent le « métissage des cultures ». La diversité culturelle est désormais perçue comme une source d’innovation, de créativité et de richesse économique.
Cette diversité se manifeste dans la vie sociale et économique des villes et des campagnes. Elle se découvre à travers des pratiques « portées » par des hommes et des femmes, des individus et des groupes, qui en sont les détenteurs et les agents de transmission. Dans ce contexte, le citoyen (ou le groupe) est considéré comme un praticien de la culture dans son milieu. C’est à travers lui, ou à travers le groupe, que ce développe le sentiment d’appartenance au milieu. L’enjeu n’est donc pas que culturel, il est aussi social, la culture de proximité étant un important facteur de cohésion sociale, d’ancrage au territoire.
Développement économique
Le patrimoine immatériel peut aussi servir de levier au développement économique. Il favorise la diversification des économies, donc l’autonomie des territoires. Au même titre que les richesses naturelles, les éléments constitutifs du patrimoine immatériel sont des ressources à développer et à exploiter.
Les ressources du patrimoine représentent un potentiel économique souvent ignoré. Comme pour les richesses naturelles, il importe cependant d’utiliser ces ressources judicieusement, dans une perspective de développement durable. Les savoirs et savoir-faire techniques, scientifiques et artistiques sont autant de potentialités qui peuvent être à la source de projets structurants tant sur le plan national que sur le plan local ou régional.
Le patrimoine culturel immatériel s’inscrit également dans les travaux des gouvernements portant sur la propriété intellectuelle (OMPI) et l’économie du savoir. Il suffit, par exemple, d’évoquer l’énorme potentiel économique que représentent les connaissances ancestrales des autochtones en matière de plantes et d’herbes et leur utilisation en pharmacopée moderne pour comprendre les enjeux qui sont en cause.
Patrimoine immatériel – Innovation et création
Facteur d’identité et de diversité, le patrimoine immatériel est depuis toujours source de créativité. En culture comme en nature, il n’y a pas de génération spontanée. Les pratiques culturelles traditionnelles ont toujours servi de terreau à la création. Qu’il en soit conscient ou pas, c’est le plus souvent son héritage historique et culturel que l’artiste, l’artisan des métiers d’art et d’artisanat, l’entrepreneur artisan de produits du terroir tire son inspiration, trouve son originalité et marque sa différence ou sa spécificité.
La possibilité de produire et de mettre en marché, ici et à l’étranger, des produits de qualité, novateurs, diversifiés, reflétant la spécificité du Québec dépend pour une grande part de la conservation et de la transmission de compétences acquises et développées au cours des générations et transmises dans la communauté d’origine.
Comment écrit-on une biographie courte sur une personnalité ? La question est simple, la réponse l’est moins.
Prenons deux monstres sacrésMonstre sacré : vedette de la chanson, du cinéma, du théâtre qui a atteint le sommet de la gloire. internationaux de la chanson française, que vos grands-mères – et peut-être vous-mêmes – connaissez : Edith Piaf et Charles Aznavour.
Si vous connaissez l’une ou l’autre de ces stars de la chanson, écrivez une courte biographie sur l’une ou l’autre. Sinon, faites l’exercice sur un autre chanteur ou une autre chanteuse française que vous connaissez. Comparez ensuite ce que vous avez écrit avec quelques collègues de classe.
(Rappel : Utilisez Antidote pour trouver les termes nécessaires et des expressions utiles.)
Observons maintenant des biographies courtes tirées de dictionnaires encyclopédiques, de sites sur la chanson française, etc. Par exemple :
1. Examinons le premier paragraphe des deux notices suivantes, tirées de l’Encyclopédie Larousse en ligneNotices repérées le 13 juin 2018.. Selon le modèle canonique des notices biographiques d’une certaine étendue, le premier paragraphe présente une synthèse de ce qui est jugé le plus significatif :
| Commentaires sur la structure de l’introduction des deux notices : a) Domaine d’activité, lieu et date de naissance, et lieu et date de décès (le cas échéant) dans un chapeau. b) Commentaire de synthèse sur la carrière de l’artiste, sur la portée de son œuvre : – Édith Piaf: le fait que tout dans sa vie, sa carrière, son œuvre était hors du commun; l’intérêt de ses chansons.
– Charles Aznavour: sa voix très particulière (notamment par une citation); son origine (pertinente à cause de son engagement pour l’Arménie); amorce sur sa longue carrière. |
2. Observons maintenant une mini-biographie de Charles Aznavour tirée d’un document pédagogique lié à la chanson Comme ils disent sur le site Ces chansons qui font l’histoire, du ministère de l’Éducation nationale de France :
| Commentaires sur la construction de cette courte biographie : a) Domaines d’activités mis en relief en apposition devant le nom du chanteur (lequel est le noyau du sujet). b) Date et lieu de naissance origine en prédicat de la 1re phrase, donc base chronologique (structure confirmée par l’enchaînement chronologique de la 2e phrase : Il devient dans les années 1960…). c) Portée de sa gloire en prédicat dans la 2e phrase. d) Deux phrases sur quatre en lien avec la chanson à laquelle la biographie est liée. |
3. Observons aussi le début de la biographie du Dictionnaire des noms propres de lintern@ute et l’organisation construite par les sous-titres :
| Commentaires sur l’introduction : a) Trame temporelle de la carrière développée sur les deux phrases : débuts /s’est imposé / reste. b) Synthèse très expressive du succès de sa carrière : haut de l’affiche / pour ne jamais en redescendre / un des derniers totemsUsage un peu surprenant du mot totem. de la chanson française. |
Organisation construite par les sous-titres dans la suite de la notice :
| Commentaire sur les sous-titres Structure qui met en lumière la progression de la carrière en écho avec la trame chronologique de l’introduction. (Si vous ouvrez la notice, vous remarquerez aussi que les quatre sous-titres, sans être directement des balises chronologiques, permettent une structure totalement narrative dans les quatre sections. Notez aussi la mise en relief par du gras des informations les plus importantes.) |
4. Pour finir, regardons la section de synthèse en tête de l’article de Wikipédia :
| Commentaires sur l’organisation et la progression thématique : a) Quatre paragraphes : 1) repères biographiques de base (naissance, etc.); b) Début des phrases : Dans 6 des 8 phrases que contient cette courte synthèse, le sujet ou le noyau du sujet est il (les 2 autres ont pour sujet Charles Aznavour). | |
Voici deux mandats d’écriture. Avant de vous y attaquer, faites donc les deux exercices qui suivent cet encadré.
Conseils
a) Trouvez un moyen de rendre Charles Aznavour intéressant pour des jeunes de 14 à 17 ans.
b) Assurez-vous que le système temporel est cohérent dans votre synthèse. Si vous utilisez le présent narratif comme temps de base, faites bien attention à ne pas utiliser le passé composé dans la même valeur:
Charles Aznavour fait ses débuts comme chanteur à… Il * a aussi composé des chansons pour…
N.B. : Même dans un texte écrit au présent narratif, le verbe naître s’écrit généralement au passé composé (aspect résultatif) :
Charles Aznavour est né en… à… Il passe son enfance à… et commence à…
Conseils
a) Vous pouvez mettre des sous-titres si vous désirez.
b) Ne noyez pas les lecteurs dans trop de dates et autres données chiffrées.
c) Lisez le conseil b) du sujet 1.
À partir des lectures que vous ferez pour rédiger votre synthèse (textes ci-dessus, article complet de Wikipédia et autres textes que vous choisirez vous-même), construisez un répertoire de termes, d’expressions et de périphrasesUne expression est plus ou moins lexicalisée (plus ou moins figée); une périphrase est une tournure qui explique, qui porte un commentaire. diverses pour désigner et caractériser Charles Aznavour. Organisez votre répertoire en tableau avec des sous-catégories en vous servant, si vous le désirez, du modèle de départ ci-dessous; comme il s’agit d’un exercice heuristique (c’est-à-dire de découverte), votre organisation peut être totalement différente : le but, c’est de de suivre une démarche active de recherche lexicale autrement que par un dictionnaire bilingue.
Ce répertoire vous aidera à ne pas avoir que des petits il tout nus en sujet et à formuler de façon précise vos prédicats.
La renommée et la carrière | Les activités artistiques | L’engagement social et politique |
monstre sacré | chanteur | un chanteur qui se veut engagé |
star | auteur-compositeur | dénoncer l’homophobie |
vedette | parolier | |
tout au long de sa carrière | ||
une double carrière | ||
l’une des rares vedettes françaises | ||
au faîte de sa gloire |
Vous trouverez une version MS Word de cet exercice ici
Les subordonnées relatives sont un moyen de base pour étoffer les groupes nominaux dans la phrase. Le petit exercice qui suit vous invite à revoir l’emploi des pronoms relatifs composés (lequel, auquel, duquel et leurs formes féminines et plurielles). On utilise aussi ces pronoms avec toutes les prépositions autres que à à et de : dans lequel, sur lequel, grâce auquel, en dépit duquel, etc.
Rappelez-vous de bien valider la fonction du pronom relatif dans la subordonnée relative pour choisir la bonne préposition :
Le concert auquel j’ai assisté hier soir était sublime. (On assiste À un concert).
L’agent grâce auquel elle a lancé sa carrière a été accusé de harcèlement sexuel.
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On parle d’argumentation quand un texte, une discussion vise à convaincre quelqu’un d’adopter tel point de vue, telle représentation des choses ou encore d’agir de telle façon : la personne qui argumente peut chercher à convaincre son ou ses interlocuteurs de la vérité ou de la validité d’une analyse, du bien-fondé d’une opinion ou d’une vision idéologique ou morale; elle peut aussi viser à susciter une action particulière (par exemple voter pour tel ou tel parti politique).
L’argumentation cherche à susciter l’adhésion à une certaine position par rapport à une réalité, ce qui requiert donc que plusieurs positions soient possibles. Pour qu’il y ait argumentation, il faut qu’un débat soit possible.
Lorsqu’un texte vise à prouver scientifiquement une hypothèse, on ne parle pas d’argumentation, on parle plutôt de démonstrationDans le sens de « scientific proof ».. Il se peut que des recherches ultérieures invalident certains résultats : la compréhension de la réalité peut donc changer, mais il ne s’agit pas pour autant d’un débat; le changement résulte d’une progression des connaissances et non de l’adhésion à une position, à une opinion autre. Prenons le cas du réchauffement climatique. Affirmer que la température de la planète augmente n’est pas l’expression d’une opinion : le réchauffement global de la Terre a été observé, mesuré, analysé et il existe un consensus scientifique sur cette réalité. Affirmer que les activités humaines jouent un rôle dans le réchauffement ne relève pas non plus de l’opinion : la science ne peut déterminer dans quelle proportion les activités humaines sont responsables du réchauffement global de la planète, mais l’effet de plusieurs de ces activités a été mesuré et il n’est donc pas scientifiquement tenable de soutenir qu’elles ne jouent aucun rôle dans le réchauffement. Certes, on trouve de par le monde quelques scientifiques qui nient toute influence des activités humaines sur le réchauffement global, voire qui nient l’existence d’un réchauffement, mais ces deux réalités font consensus parmi la communauté scientifique et les grands organismes de recherche météorologique et climatologique du monde.
Faisons le tour de la famille lexicale (= ensemble des mots partageant la même racine) du mot argument. On y trouvera quelques faux amis (false cognates) pour lesquels il faut savoir distinguer les différences de sens entre l’anglais et le français. À noter aussi que certains des mots de la famille s’emploient peu ou surtout dans la langue spécialisée. Le tableau qui suit ne donne pas tous les emplois ni tous les mots de la famille. Vous compléterez en consultant Antidote Toutes les références à Antidote faites dans cette fiche sont à Antidote 9; les références au Petit Robert (PR) sont faites à l’édition 2017. À noter qu’Antidote désigne ici les dictionnaires (Définitions, Synonymes, Cooccurrences, etc.) du logiciel Antidote 9 et que nous traitons par conséquent le mot comme un titre d’ouvrage et l’écrivons donc en italique comme pour le Petit Robert. et le Petit Robert.
Terme | Définition | Commentaires sur la valeur ou l’usage Différences principales avec l’anglais |
argument (n. m.) | Raisonnement particulier (basé sur un fait, une explication, un exemple, une comparaison, etc.) visant à convaincre de la validité d’une proposition, d’une thèse. | En anglais, le nom argument s’emploie de plusieurs façons, dont celles-ci en rapport avec l’argumentation : 1) pour désigner une dispute (sens dérivant naturellement du fait que l’argumentation nécessite des points de vue différents); 2) comme collectif singulier pour désigner un semble d’arguments visant à soutenir une même conclusion : She made a strong argument for a new bike path in downtown Toronto (en français, on emploie argumentation pour le collectif singulier); 3) pour désigner un argument, un raisonnement particulier. (En littérature, argument désigne le résumé du thème. Voir Antidote ou le PR pour les autres emplois.) |
argumenter (v.) | Présenter des arguments. | Angl. : to argue. En anglais, to argue peut aussi signifier « se disputer », ce qui n’est pas le cas du verbe argumenter. |
arguer (v.) | Se servir de qqch comme argument, mais souvent plutôt comme prétexte : Elle argua d’un mal de tête pour échapper à la corvée de vaisselle. | Verbe transitif indirect (ou direct avec une subordonnée complétive : Elle a argué qu’elle n’était pas au courant du travail à remettre. Verbe relativement peu employé en français. |
argumentation (n. f.) | Action d’argumenter. Ensemble d’arguments appuyant une même conclusion. | Même sens en anglais. |
argumentaire (n. m.) | Ensemble des arguments utilisés pour soutenir une proposition, une thèse. | Synonyme d’argumentation dans son 2e sens, mais contrairement à argumentation, argumentaire désigne souvent le document, le discours produit. |
argumentateur/ argumentatrice (n.) | Personne qui aime (trop) argumenter. Terme péjoratif. | Quand il s’agit de qualifier les talents d’une personne à argumenter dans un débat public, on utilise de plus en plus le terme anglais debatter, francisé ou non en débatteur : Quels ont été les meilleurs débatteurs/debatters parmi les politiciens et politiciennes canadiens des dix dernières années ? Plus généralement, on parle des talents (ou non) d’orateur/oratrice : Elisabeth May est reconnue pour être une excellente oratrice. (La parole publique politique relève totalement du discours argumentatif.) |
argumentatif / argumentative (adj.) | Qui se rapporte à l’argumentation. | Cooccurrences dans Antidote (intéressantes parce qu’elles illustrent des dimensions fondamentales de l’argumentation) : |
contre-argument, contre-argumentation, contre-argumenter, contre-argumentatif, contre-argumentaire | L’argumentation n’étant possible que lorsqu’il y a débat possible, la dialectiqueLe nom dialectique a trois sens selon le PR (voir l’article dans le dictionnaire), qui ont en commun le fait que l’argumentation n’existe que dans sa relation à la position contraire. Dia- = séparation, distinction, à travers; -lectique se rattache à la famille étymologique de lire (legere en latin), qui se rattache au mot grec logos, qui désigne la parole, le discours. La dialectique est ainsi la pensée, le discours qui oppose, soupèse des contraires. entre le pour et le contre s’applique à tous les termes ou presque de la famille. | |
argutie (n. f.) | Raisonnement compliqué dont la finalité n’est que de gagner. Toujours négatif. | S’emploie généralement au pluriel et souvent dans l’expression se perdre en arguties. |
Vous trouverez les trois exercices ici en format MS Word.
Selon Antidote (et aussi selon le Petit Robert), le verbe argumenter est intransitif (= verbe qui s’emploie sans complément d’objet) :
La rubique Cooccurrences d’Antidote donne cependant de nombreux exemples du verbe argumenter employé de façon transitive directe (= avec un complément d’objet direct) :
Si vous lisez les citations pour chacune de ces constructions transitives directes, vous verrez qu’elles relèvent toutes de domaines spécialisés (enseignement, critique, etc.). Dans la langue courante, on parlera plutôt de défendre son point de vue, soutenir sa position, sa thèse par les arguments x et y, s’appuyer sur x et y, etc. Vous noterez aussi que le complément n’est pas l’argument présenté pour soutenir qqch, mais la position, la thèse qui a besoin d’être soutenue.
Dans la rubrique Synonymes, Antidote distingue le sens neutre (présenter des arguments) des emplois dépréciatifs (ex. : Arrête donc d’argumenter sur tout !). Réemployez trois de ces mots ou expressions synonymes à valeur péjorative (=dépréciative) dans des phrases de votre cru (en choisissant ceux que vous pouvez le plus facilement réutiliser).
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Traduisez les phrases suivantes. N’hésitez pas à essayer plusieurs traductions.
Vous connaissez les termes suivants, vous les employez en anglais. Nous rappelons ici leur sens, puis nous vous invitions à faire un exercice sur les cooccurrences du nom « position ». Explorez aussi par vous-même les cooccurrents courants des autres termes du tableau.
Terme | Définition | Commentaires sur la valeur ou l’usage |
opinion (n. f.) | « Jugement, assertion que l’on émet sur un sujet et que l’on soutient. » (Antidote) | Comme le permet d’inférerInférer : tirer une conséquence logique de qqch; déduire; conclure (conclure dans le sens de « déduire » et non de « finir »). la définition (même si elle ne le spécifie pas), l’opinion peut être spontanée (et n’être fondée sur rien ou rien qui n’est dit) ou peut être l’aboutissement d’une réflexion, d’un échange. L’« opinion publique » est l’opinion dominante dans une société sur telle ou telle question. |
position (n. f.) | Ensemble d’idées, opinion que l’on soutient. | La position est en quelque sorte plus active que l’opinion : à brûle-pourpoint, n’importe qui peut avoir une opinion sur n’importe quoi (la légalisation de la marijuana, la légalisation de l’aide médicale à mourir, l’intérêt du dernier film de la série Star Wars ou la qualité de la nourriture dans un restaurant à la mode); une position implique qu’on prend parti, qu’on prend position, qu’on fait plus que dire j’aime ou je n’aime pas. Même en l’absence d’action, la position suppose à tout le moins une réflexion, un raisonnement. L’opinion peut porter sur n’importe quoi; la position porte plutôt sur des questions liées à des décisions. |
thèse (n. f.) | « Proposition ou théorie particulière qu’on tient pour vraie et qu’on s’engage à défendre par des arguments. » (PR) | Une thèse est en quelque sorte la conclusion d’un raisonnement, d’une hypothèse ou d’une série d’hypothèses. (En anglais académique, on préconise un énoncé clair de la thèse (sous-thèse) défendue (ou proposition développée) dans chaque paragraphe. Le français académique varie davantage la structure des paragraphes comme nous le verrons plus loin.) |
conclusion (n. f.) | Aboutissement d’un raisonnement (par exemple, la conclusion d’un syllogisme) ou de toute une argumentation. | La conclusion au sens argumentatif peut donc se trouver dans l’introduction d’un texte si la thèse est une opinion, un point de vue qu’on cherche à faire partager au lecteur. |
Vous trouverez l’exercice ici en format MS Word.
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Les façons d’argumenter et donc de chercher à persuader varient selon les époques, selon les cultures, selon les milieux, selon l’éducation, les connaissances, la maturité, etc. Un mafioso convaincra son « client » qu’il a raison au moyen de son arme. Un esprit fin usera à l’occasion de l’ironie. Un enfant commencera par des argumentations très autocentrées avant de s’ouvrir aux besoins, aux raisons des autres.
La tradition argumentative occidentale est l’héritière de la rhétorique de la Grèce antique, en particulier d’Aristote. Dans la Grèce antique, l’argumentation était orale et pour convaincre, il fallait savoir parler avec éloquence. La rhétorique était donc l’art oratoire (art de parler), en particulier quand cet art était mis en œuvre pour persuader.
En français, le nom rhétorique pour parler de l’art du discours (surtout argumentatif) partage maintenant le terrain avec le terme argumentation, qui permet peut-être mieux de sortir du cadre d’analyse de la rhétorique ancienne, encore que ce sont aussi développées de nouvelles rhétoriques. En anglais, au contraire, le terme rhetoric est resté dominant, et les Rhetoric Studies s’intéressent aux moyens mis en œuvre pour argumenter, influencer, que ce soit directement ou indirectement, dans différents domaines, cadres ou sous l’influence de telle ou telle idéologie.
En 2009, la revue Sciences humaines (revue de vulgarisation en sciences humaines comme son titre l’indique) publiait un numéro sur « L’art de convaincre d’Aristote à Obama ». La bibliothèque de York vous permet d’accéder à l’intégralité de la revue. Nous vous invitons à consulter ce numéro pour enrichir vos connaissances.
Pour s’amuser : le célèbre dilemme inversé entre Tisias et son maître, le sophiste grec Corax
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On argumente pour convaincre quelqu’un (ce quelqu’un pouvant être soi-même) de quelque chose. Plus précisément, selon le découpage de Céline Beaudet, dans Stratégies d’argumentation et impact social : le cas des textes utilitairesCéline Beaudet, Stratégies d’argumentation et impact social : le cas des textes utilitaires (Québec, Nota Bene, 2015), p. 16., on peut viser à :
Établir la « vérité » d’une proposition basée sur une réalité complexe. (Vérité doit se comprendre comme signifiant « en accord avec les faits, avec la réalité » et non de façon absolue.) | Convaincre de la justesse ou du bien-fondé d’une opinion, d’une vision idéologique ou morale. | Susciter une action. |
Exemples :
Convaincre un auditoire que l’évaluation standardisée qui est pratiquée en 3e année en Ontario est inutile et devrait être éliminée. | Convaincre un auditoire que le Canada devrait avoir une assurance médicaments universelle. | Convaincre un auditoire de ne plus texter au volant. |
On distingue trois fonctionnements de base dans l’argumentation :
Défendre une thèse, une opinion : argumenter en faveur de sa position. | Réfuter un point de vue adverse, contester une thèse : argumenter contre une position différente de la sienne. | Délibérer : analyser des positions divergentes pour déterminer laquelle est la plus valable. |
Ces trois fonctionnements se concrétisent dans des plans argumentatifs qui suivent souvent des modèles « canonisés ». Les canonsNorme, règle, comme dans le droit canon (ou canonique) des Églises chrétiennes (Église catholique romaine, Église anglicane, les différentes Églises orthodoxes et Églises catholiques d’Orient, etc.). changent au fil du temps et varient selon les cultures (ils diffèrent d’ailleurs entre les pratiques anglophones et francophones en Amérique du Nord) et les cadres de production. Ainsi, les travaux académiques que vous rédigez à l’université doivent généralement suivre des règles précises quant à leur construction. Ce ne sont pas là des règles absolues, mais des règles relatives, qui servent à guider les étudiants et à faciliter la lecture pour les professeurs.
Plans argumentatifs de base correspondant aux trois fonctionnements :
Appui à une thèse par accumulation d’arguments | Réfutation/Dénigrement de la thèse adverse | Dialectique mettant en relation deux positions, deux choix |
Plan additif, parfois dit « plan américain », quand on le fige dans un moule très strict | Plan réfutatif qui n’avance pas d’arguments « pour », mais vise à détruire les arguments « contre » | Plan dialectique, souvent selon le modèle canonique « thèse, antithèse, synthèse » Plan concessif : accord avec certains arguments adverses, mais cet accord partiel ne change pas la position |
Tous les arguments vont dans le même sens pour appuyer une thèse. | Tous les arguments vont dans le même sens, non pour appuyer une thèse, mais pour montrer qu’elle n’est pas valide. L’écrit polémique utilise abondamment l’argumentation réfutative. | Le raisonnement dialectique soupèse des analyses contraires pour parvenir à une résolution. Le raisonnement concessif montre les limites, les lacunes de la thèse adverse. |
Le plan du texte peut emprunter un seul des trois fonctionnements de base : le raisonnement (donc le texte) peut reposer entièrement sur une accumulation d’arguments en faveur de sa position, sur la « démolition » des arguments adverses ou sur une délibération. Mais souvent, et surtout dans des textes assez longs, on utilisera une macrostructure argumentative dominante (par exemple, défendre, justifier sa position), mais, sur des aspects particuliers, on cherchera à considérer le point de vue adverse (délibérer) ou à montrer ses carences (réfuter).
Parfois, tout le monde ou presque est d’accord sur une question de société; parfois les opinions sont très polariséesTotalement opposées, comme les deux pôles.. Ainsi, on s’entend pour dire que le harcèlement sexuel est inacceptable : c’est une vision du monde partagée dans la plupart des cultures du XXIe siècle. Par contre, tout le monde n’est pas d’accord en ce qui concerne la légalisation de l’aide médicale à mourir, permise au Canada depuis l’amendement du Code criminel en juin 2016 : cette question demeure controversée, elle continue de faire polémiqueDébat vif et même parfois agressif..
Les sujets polémiques sont intéressants du point de vue rédactionnel parce qu’ils permettent le recours à tout l’arsenalAu sens propre : grande quantité d’armes; au sens figuré, grand nombre de moyens d’action. (Arsenal désigne aussi le bâtiment où sont entreposées les armes.) rhétorique de l’opposition, du dénigrement, de l’indignation, de la ridiculisation lorsqu’ils sont liés à une prise de position personnelle (plutôt qu’à une prise de position d’expert) ou s’intègrent dans une joute oratoire (pensez aux débats de politiciens, qui n’hésitent pas à dénigrer et ridiculiser le point de vue de leur adversaire). Le but du match, c’est le K.O. verbal ! Les métaphores guerrières sont nombreuses pour décrire la polémique; le mot vient d’ailleurs du grec, polemikos, qui signifie « relatif à la guerre ».
Pour « damer le pion » à l’adversaire, il faut des arguments solides, mais aussi et tout autant une grande force expressive : le style doit être vigoureux. Il y a en fait un côté ludique à l’écriture polémique. C’est pourquoi nous commencerons notre parcours d’écriture argumentative par des textes polémiques, qui vous amèneront à utiliser une variété de ressorts stylistiques.
De nos jours, la tour Eiffel est l’emblème touristique de Paris. Tout voyage d’école ou excursion touristique à Paris se doit d’inclure la tour Eiffel ! C’est le must, comme disent les Français, de toute visite de la Ville Lumière. On ne se demande pas si elle est belle, merveilleuse, si c’est un chef-d’œuvre de l’architecture… elle est, c’est tout.
Regard, objet, symbole, la tour est tout ce que l’homme met en elle, et ce tout est infini. Spectacle regardé et regardant, édifice inutile et irremplaçable, monde familier et symbole héroïque, témoin d’un siècle et monument toujours neuf, objet inimitable et sans cesse reproduit, elle est le signe pur, ouvert à tous les temps, à toutes les images et à tous les sens, la métaphore sans frein; à travers la tour, les hommes exercent cette grande fonction de l’imaginaire, qui leur est liberté, puisque aucune histoire, si sombre soit-elle, n’a jamais pu leur enlever.
Roland Barthes, La tour Eiffel, 1964
http://passerelles.bnf.fr/lire/eiffel_08.php
Mais au moment de sa construction pour l’Exposition universelle de Paris de 1889, il en était tout autrement. Ainsi, un collectif de 47 artistes publiait le 14 février 1887, dans le journal Le tempsQuotidien français qui a paru de 1861 à 1942. Archives du Temps sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k/date., une lettre ouverte, Les artistes contre la tour Eiffel, à laquelle ont répondu, par lettres publiques, le commissaire de l’Exposition universelle, Jean-Charles Alphand, et le constructeur de la tour, l’ingénieur Gustave Eiffel.
La langue de cet échange publicOn trouve l’échange de lettres sur plusieurs sites, dont celui de la tour Eiffel, et le site Monuments du monde, qui présente une analyse des lettres (avec quelques fautes) : http://www.merveilles-du-monde.com/Tour-Eiffel/Reticences-des-artistes.php. . est certes bien ancrée, rhétoriquement, dans le XIXe siècle et peut nous sembler parfois vieillotte, mais elle porte. Regardons-en quelques aspects.
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Ces célèbres sculpteurs et architectes, dont les œuvres ornent Paris, sont évoqués par les artistes, dans la première lettre, comme les garants du bon goût classique par opposition à ce que représente la tour Eiffel.
Pour en savoir plus sur ces artistes et leurs œuvres, veuillez consulteer le document en annexe :
Sculpteurs de Paris
Messieurs Victorien Sardou, Alexandre Dumas, François Coppée et vous tous qui avez délivré ce message chargé d’un fort ressentiment et d’une grande crainte de ce monstre d’acier, //considérez-vous que cette géante métallique imposerait le déshonneur de Paris aux yeux du monde ? Vous me parlez d’une « tour de Babel », mais// il ne s’agit point d’un quelconque monument destiné à grimper jusqu’au haut des cieux, mais d’une œuvre architecturale destinée à imposer Paris aux yeux de la France, si ce n’est aux yeux du monde. //Vous me dites que la commerciale Amérique n’a pas désiré un tel ouvrage ? Et bien qu’il en soit ainsi, laissons// aux sots ce qu’ils méritent : un paysage désespérément vide de tout objet apportant un tant soit peu d’intérêt pour leur morne pays : laissons ce triste pays dans l’état où il se trouve, ce qui implique un manque d’originalité et de modernité flagrant. //Cette tour sera certes « boulonnée » mais apprenez//, ô vous qui me lisez, que tout objet décrit comme solide contient du métal, ainsi apprenez que le bois brûle et se brise, et que la pierre s’effrite au fil des âges, nous construisons, Messieurs, le souvenir de cette époque livrée aux futures générations, lorsque vos maisons et vos immeubles seront détruits par la course irréductible du temps, se dressera alors ce fier symbole qui démontrera sa solidité, et ainsi celle de Paris, aux yeux de l’univers. C’est également pour prouver la grandeur de la France que nous bâtissons cette tour « vertigineusement ridicule » car qui osera bafouer l’honneur de Paris, la ville possédant le bâtiment le plus grand jamais construit ? Oui, certes, j’aime Paris, j’aime ses foules, ses marchés, ses monuments. J’aime tout en Paris et je donnerais tout pour elle, j’ai certes embelli Paris mais cette œuvre monumentale, aux dimensions dantesques, sera le clou de cette exposition universelle, elle sera mon chef d’œuvre. //Vous décrivez mon amour de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui est juste ; mais// alors, pourquoi ces clameurs ? Pourquoi ces cris ? Cette fougue ? Cette œuvre est créée pour démontrer qu’il n’y a pas plus belle cité que Paris ; par sa taille, cette tour fera résonner Paris jusqu’en Orient, à travers les steppes glacées, les plaines brûlantes du désert, à travers vents et marées, le monde entier retiendra son souffle lors de la découverte de cette tour gigantesque ; tous seront ébahis par la prouesse de Paris. Enfin, pour la plus grande gloire de Paris ; et donc de la France, ceux qui auront le courage d’oser grimper au sommet de cettetitanesque dame d’acier découvriront alors un paysage à nul autre pareil, ils pourront alors admirer notre somptueuse cité dans tout son éclat, la découvrant d’un point à un autre avec son éclatante beauté qui étonnera toujours les foules. Voilà pourquoi, //chers confrères de l’esthétisme//, je m’acharne à faire aboutir ce projet detitan qui a besoin des efforts de tous, mais surtout, de l’accord de tous. Notre geste ne peut être critiqué, mais doit être encouragé, notre projet doit être placé dans l’admiration de tous les bons français. Nous construisons l’avenir. Nous construisons la nouvelle cité de Paris. Nous construisons la tour Eiffel. | |
Dans cette lettre, nous observerons principalement :
Quels sont les motifs que donnent les artistes pour protester contre l’érection de la tour ? Qu’elle est inutile et monstrueuse ! Nous parlerons de l’inutilité tout à l’heure. Ne nous occupons pour le moment que du mérite esthétique sur lequel les artistes sont plus particulièrement compétents. Je voudrais bien savoir sur quoi ils fondent leur jugement. Car, remarquez-le, monsieur, cette tour, personne ne l’a vue et personne, avant qu’elle ne soit construite, ne pourrait dire ce qu’elle sera. On ne la connaît jusqu’à présent que par un simple dessin géométral; mais quoiqu’il ait été tiré à des centaines de mille d’exemplaires, est-il permis d’apprécier avec compétence l’effet général artistique d’un monument d’après un simple dessin, quand ce monument sort tellement des dimensions déjà pratiquées et des formes déjà connues ? Et, si la tour, quand elle sera construite, était regardée comme une chose belle et intéressante, les artistes ne regretteraient-ils pas d’être partis si vite et si légèrement en campagne ? Qu’ils attendent donc de l’avoir vue pour s’en faire une juste idée et pouvoir la juger. Je vous dirai toute ma pensée et toutes mes espérances. Je crois, pour ma part, que la tour aura sa beauté propre. Parce que nous sommes des ingénieurs, croit-on donc que la beauté ne nous préoccupe pas dans nos constructions et qu’en même temps que nous faisons solide et durable nous ne nous efforçons pas de faire élégantVous aurez remarqué l’emploi d’adjectifs comme compléments d’un verbe transitif. Ô horreur !, pensez-vous. Quelle transgression des règles de syntaxe ! Il faut des noms ou des infinitifs, mon bon monsieur Eiffel ! Ou encore, s’il s’agit non de compléments d’objet direct, mais de modificateurs du verbe, il faut des adverbes, et non des adjectifs ! On construit bien, on construit solidement ! Mais faire est un verbe qui ne peut s’employer sans complément d’objet direct : vous faites quoi ? Il faut un COD, ou alors, changez de verbe, mon bon monsieur ! En portant un tel jugement, vous avez à la fois raison et tort : raison, parce qu’un adjectif ne peut être ni COD ni modificateur d’un verbe; tort parce qu’un adjectif se substitue parfois à un adverbe dans la langue publicitaire, dans les slogans pour avoir plus de punch, comme dans ce célèbre vieux slogan de la compagnie de vêtements française New Man : La vie est trop courte pour s’habiller triste. Décidément, Eiffel était moderne dans sa langue comme dans ses constructions. ? Est-ce que les véritables conditions de la force ne sont pas toujours conformes aux conditions secrètes de l’harmonie ? Le premier principe de l’esthétique architecturale est que les lignes essentielles d’un monument soient déterminées par la parfaite appropriation à sa destination. Or, de quelle condition ai-je eu, avant tout, à tenir compte dans la tour ? De la résistance au vent. Eh bien ! je prétends que les courbes des quatre arêtes du monument telles que le calcul les a fournies, qui, partant d’un énorme et inusité empattement à la base, vont en s’effilant jusqu’au sommet, donneront une grande impression de force et de beauté; car elles traduiront aux yeux la hardiesse de la conception dans son ensemble, de même que les nombreux vides ménagés dans les éléments mêmes de la construction accuseront fortement le constant souci de ne pas livrer inutilement aux violences des ouragans des surfaces dangereuses pour la stabilité de l’édifice. La tour sera le plus haut édifice qu’aient jamais élevé les hommes. Ne sera-t-elle donc pas grandiose aussi à sa façon ? Et pourquoi ce qui est admirable en Égypte deviendrait-il hideux et ridicule à Paris ? Je cherche et j’avoue que je ne trouve pas. La protestation dit que la tour va écraser de sa grosse masse barbare Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments. Que de choses à la fois ! Cela fait sourire, vraiment. Quand on veut admirer Notre-Dame, on va la voir du parvis. En quoi du Champ-de-Mars la tour gênera-t-elle le curieux placé sur le parvis Notre-Dame, qui ne la verra pas ? C’est d’ailleurs une des idées les plus fausses, quoique des plus répandues, même parmi les artistes, que celle qui consiste à croire qu’un édifice élevé écrase les constructions environnantes. Regardez si l’Opéra ne paraît pas plus écrasé par les maisons du voisinage qu’il ne les écrase lui-même. Allez au rond-point de l’Étoile, et, parce que l’Arc de triomphe est grand, les maisons de la place ne vous en paraîtront pas plus petites. Au contraire, les maisons ont bien l’air d’avoir la hauteur qu’elles ont réellement, c’est-à-dire à peu près quinze mètres, et il faut un effort de l’esprit pour se persuader que l’Arc de triomphe en mesure quarante-cinq, c’est-à-dire trois fois plus. Reste la question d’utilité. Ici, puisque nous quittons le domaine artistique, il me sera bien permis d’opposer à l’opinion des artistes celle du public. Je ne crois point faire preuve de vanité en disant que jamais projet n’a été plus populaire; j’ai tous les jours la preuve qu’il n’y a pas dans Paris de gens, si humbles qu’ils soient, qui ne le connaissent et ne s’y intéressent. À l’étranger même, quand il m’arrive de voyager, je suis étonné du retentissement qu’il a eu. Quant aux savants, les vrais juges de la question d’utilité, je puis dire qu’ils sont unanimes. Non seulement la tour promet d’intéressantes observations pour l’astronomie, la météorologie et la physique, non seulement elle permettra en temps de guerre de tenir Paris constamment relié au reste de la France, mais elle sera en même temps la preuve éclatante des progrès réalisés en ce siècle par l’art des ingénieurs. C’est seulement à notre époque, en ces dernières années, que l’on pouvait dresser des calculs assez sûrs et travailler le fer avec assez de précision pour songer à une aussi gigantesque entreprise. N’est-ce rien pour la gloire de Paris que ce résumé de la science contemporaine soit érigé dans ses murs ? La protestation gratifie la tour d’« odieuse colonne de tôle boulonnée ». Je n’ai point vu ce ton de dédain sans en être irrité. Il y a parmi les signataires des hommes que j’admire et que j’estime. Il y en a d’autres qui sont connus pour peindre de jolies petites femmes se mettant une fleur au corsage ou pour avoir tourné spirituellement quelques couplets de vaudeville. Eh bien, franchement, je crois que toute la France n’est pas là-dedans. M. de Voguë, dans un récent article de la Revue des Deux Mondes, après avoir constaté que dans n’importe quelle ville d’Europe où il passait il entendait chanter Ugène, tu me fais de la peine et le Bi du bout du banc, se demandait si nous étions en train de devenir les “græculi” du monde contemporain. Il me semble que n’eût-elle pas d’autre raison d’être que de montrer que nous ne sommes pas seulement le pays des amusements mais aussi celui des ingénieurs et des constructeurs qu’on appelle de toutes les régions du monde pour édifier les ponts, les viaducs, les gares et les grands monuments de l’industrie moderne, la tour Eiffel mériterait d’être traitée avec plus de considération. | Analyse de quelques aspects sur l’ensemble du texte plutôt que par paragraphe
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L’écrit polémique est dialogique est fortement oppositif. Les procédés qui servent à mettre en évidence les positions y sont donc dominants. L’ironie est courante, l’exagération, l’hyperbole, l’indignation outrée aussi.
Parmi les procédés stylistiques courants dans la polémique, disons quelques mots sur la question rhétorique et la modalisation.
Une question appelle une réponse. La polémique étant un échange de vues animé (puisque les positions sont très opposées), on ne s’étonnera pas d’y voir un recours abondant à cette forme très interactive qu’est la question. Dans les trois lettres de la polémique sur la tour Eiffel, on dénombre une trentaine de points d’interrogation et donc de phrases interrogatives !
Quand la question ne vise pas à obtenir une réponse, mais sert à affirmer quelque chose, à introduire un développement, on parle de question (interrogation) rhétorique ou oratoire. Quelques exemples tirés des trois lettres sur la polémique de tour Eiffel :
Allons-nous donc laisser profaner tout cela ? La ville de Paris va-t-elle donc s’associer plus longtemps aux baroques, aux mercantiles imaginations d’un constructeur de machines, pour s’enlaidir irréparablement et se déshonorer ? (1re lettre)
… pourquoi ces clameurs ? Pourquoi ces cris ? Cette fougue ? (Pourquoi est sous-entendu dans la 3e question) (2e lettre)
N’est-ce rien pour la gloire de Paris que ce résumé de la science contemporaine soit érigé dans ses murs ? (la question rhétorique s’accompagne d’une négation) (dernier paragr. de la 3e lettre)
Dans les trois cas, le locuteur ne demande pas à l’interlocuteur son avis sur la question; il fait la réponse aussi : dans 1) les artistes contre la tour Eiffel sont d’avis que Paris devrait refuser la tour; dans 2) Achard dit par le biais des questions que les artistes ont tort de s’énerver; dans 3) Eiffel affirme que la tour contribuera à la gloire de Paris.
L’ajout de la négation dans la 3e lettre renforce l’interaction dialogique, un peu comme le fait une question-reprise qui appelle une confirmation (cf. les tag questions de l’anglais); la construction interronégative n’est pas dans tous les cas rhétorique, mais elle l’est souvent.
Remarquez aussi que les interrogations 1 et 3 se situent en début de paragraphe et servent ainsi à exprimer le thème du paragraphe. Apprenez à vous servir de ces interrogations qui n’en sont pas pour introduire un raisonnement, qu’il soit argumentatif ou explicatif.
Au besoin, révisez la construction de la phrase interrogative, par exemple à partir de la fiche théorique et de la fiche d’exercices du site Amélioration du français :
« Phrases interrogatives directe (type interrogatif) et indirecte »
https://www.ccdmd.qc.ca/media/rubri_p_25Interro.pdf
« Interrogation directe : identification de structures fautives » [exercices]
https://www.ccdmd.qc.ca/media/phr_transfo_27Syntaxe.pdf
Interrogez-vous aussi sur le genre des noms de villes, puisque vous en aurez besoin pour faire des interrogations avec inversion : Paris est-il ou Paris est-elle… ? Consultez ces deux sources :
http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?id=1608
a) Transformez en interrogation en utilisant l’inversion.
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b) Transformez en interrogation rhétorique doublée d’une négation.
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Cliquez ici pour voir le corrigé.
Dans la polémique, on s’attaque souvent à la personne. Il y a deux façons de le faire.
L’argument ad hominem fait ressortir les contradictions entre la personne (ses valeurs, sa fonction, etc.) et le geste, la décision qu’on lui reproche. C’est ainsi que dans leur lettre contre la tour Eiffel, les artistes s’en prennent au commissaire de l’Exposition, Jean-Charles Alphand, qui en raison de son amour pour Paris, de tout ce qu’il a fait pour le protéger, ne devrait pas accepter qu’on y construise la tour Eiffel :
C’est à vous, Monsieur et cher compatriote, à vous qui aimez tant Paris, qui l’avez tant embelli, qui l’avez tant de fois protégé contre les dévastations administratives et le vandalisme des entreprises industrielles, qu’appartient l’honneur de le défendre une fois de plus.
Dans l’argument ad personam, on s’attaque à la personne même, à son identité, sans relation avec le sujet débattu. C’est ainsi que dans leur lettre contre la tour Eiffel, les artistes rejettent la possibilité même qu’un ingénieur (Gustave Eiffel), un « constructeur de machines », pour reprendre leur terme, puisse construire quelque chose de beau.
Pour fallacieuxQui est destiné à tromper, à égarer. Les arguments fallacieux n’ont pas de valeur logique, ce qui n’empêche pas qu’on y recourt souvent. que soient ces arguments, ils n’en sont pas moins couramment utilisés.
Le terme modalisation désigne la façon dont l’énonciateur laisse dans le texte des traces de son attitude à l’égard de ce qu’il dit, ce qu’il écrit (son propos). Or, ce qu’on dit et écrit est déterminé par notre relation à l’interlocuteur en plus de notre relation au propos (le sujet nous tient-il à cœur ? est-on expert ? a-t-on été attaqué par rapport à sujet ?, etc.). La modalisation est la manifestation des positions que le locuteur veut bien exprimer (mais parfois aussi, on les exprime aussi malgré soi et la modalisation en dit plus que ce qu’on voudrait.)Pour en savoir plus : Nathalie Garric & Michel Goldberg La modalisation dans les controverses, http://e-cours.univ-lr.fr/UNT/modalisation/co/Publication_web.html. Voir aussi : La Grammaire du sens et l’expression de Charaudeau, qu’on trouve dans toutes les bibliothèques universitaires, est une bonne ressource de base sur la modalisation et l’énonciation..
Ainsi, la question rhétorique est une forme de modalisation : dans le cadre d’une polémique, elle porte en soi une attitude de défi.
Voici les modalités les plus courantes exprimées par la modalisation :
La modalisation se manifeste dans le discours par des formes très diverses :
Relevez dans les trois lettres 2 ou 3 marques de modalisation pour chacune des 8 catégories. Ne relevez pas des expressions déjà identifiées.
Le discours polémique tend par nature à être expressif. Pensez aux débats politiques, aux conflits de travail…
Les tâches de rédaction qui suivent vous invitent à vous en donner à cœur joie dans l’hyperbole, l’exagération, l’indignation et la langue figurée en général.
Un cousin, une cousine qui n’habite pas en Amérique du Nord, que vous aimez beaucoup et que vous n’avez pas vu/e depuis fort longtemps refuse de venir vous rendre visite à Toronto, arguant que Toronto est une ville laide, sans intérêt architectural ni culturel.
Écrivez-lui pour le/la convaincre que Toronto est une ville sensationnelle, riche en innovations architecturales et en culture (choisissez les attributs de Toronto dont vous êtes le plus capable de parler).
Conseils de rédaction :
Faites une lettre de 3 ou 4 paragraphes, qui commencera soit par « Chère cousine, » ou par « Cher cousin, ».
Variante du sujet n° 1
Dans sa célèbre chanson Les ailes d’un ange, de 1967, Charlebois disait :
J’ai passé d’belles nuits à Toronto
Mais si j’me rappelle bien, ça fermait un p’tit peu trop tôtOn peut regarder Charlebois reprenant sa chanson de 1967 au festival d’été de Québec de 2013 sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=bCtg114Hzrw.On trouve une bonne présentation de la chanson sur le site du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens : http://www.cshf.ca/fr/song/les-ailes-dun-ange/.
Ce même cousin, cette même cousine ne veut pas venir vous rendre visite à Toronto parce qu’il ou elle trouve que la vie nocturne à Toronto est inexistante, que la nightlife y est minable. Protestez !
Conseils de rédaction :
Ce n’est absolument pas vrai que.. Bien au contraire, Toronto…
Tu dis que… Certes… Mais…
À Paris, il n’y a pas que la tour Eiffel qui a fait polémique lors du son inauguration. Un certain nombre de réalisations du XXe siècle, qui ont suscité la controverse lors de leur apparition, font totalement partie du paysage urbain du XXIe siècle, et l’émoi qu’elles ont pu créer pendant un temps est aujourd’hui complètement oublié.
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À chaque génération sa polémique concernant des projets qui métamorphosent le panorama de la capitale française. Ces dernières années, c’est autour d’un nouveau projet architectural à la Porte de Versailles, au sud-ouest de Paris, que les esprits s’échauffent : La Tour Triangle que la mairie de Paris appelle de ses vœux, mais qui n’emporte certainement pas l’adhésion de tous. Les enjeux de ce projet de construction sont exposés dans le site suivant : https://ledrenche.fr/2014/11/pour-ou-contre-la-tour-triangle-a-paris/
Écrivez une lettre ouverte au maire de votre ville pour protester contre la construction d’un bâtiment ou un développement commercial qui ne s’intègre pas du tout dans la trame urbaine du quartier. Soyez virulent, virulente. Pensez à des constructions ou développements passés qui ont été controversés pour vous inspirer (par exemple le projet mort-né de grande roue et d’hypercentre commercial pour le redéveloppement du secteur du port de Toronto, ou encore le Michael Lee-Chin Crystal que les détracteurs ont qualifié de tous les noms : « protubérance vitreuse », « pinata d’aluminium », etc.).
Conseils de rédaction :
Dans le chapitre 8, nous avons abordé l’argumentation sous l’angle de la polémique, de la prise de position antagoniste, du désaccord. Mais avant de s’opposer à quelque chose, on réfléchit, on pèse le pour et le contre : oui, l’érection de tour Eiffel représentait une rupture esthétique, mais la rupture en soi n’est pas un tort; les ruptures sont à la base du renouveau artistique; les remises en cause du statut quo sont nécessaires à l’évolution sociale; la science progresse par petits pas, mais aussi par changements de paradigmes.
Là où la polémique vise à gagner, la démarque heuristique vise à comprendre, à apprendre, à découvrir. Comme toute réflexion un peu poussée sur une question controversée demande de considérer les deux « côtés de la médaille », elle prend souvent une forme dialectique, où l’on fait dialoguer le pour et le contre. C’est a fortiori le cas quand on aborde une question sur laquelle on n’a pas une position bien établie : on explore les opinions et les arguments qui les fondent. L’exploration du sujet ne se fait pas qu’en amont de l’écriture (c’est-à-dire avant); elle se fait aussi par et dans l’écriture : la mise en mots, en texte des idées précise notre pensée. L’écriture heuristique n’est donc pas simplement une rhétorique, un format; c’est une démarche qui permet de faire surgir les positions.
Dans ce chapitre, vous travaillerez non pas simplement à justifier votre opinion, mais à la construire et à exposer par écrit cette construction. Le sujet qui vous est proposé pour ce faire est très polarisé et se prête à une réelle réflexion : le graffiti est-il un art de rue ou du vandalisme ?
Vous trouverez ci-dessous une sélection d’articles et de pages web sur le graffiti et l’art urbain. Promenez-vous dans ces textes pendant une heure ou deux, au gré de ce qui retiendra votre intérêt. Copiez, annotez (voir les exercices 1 et 2 dans la section 2) ou soyez simplement un « flâneur, une flâneuse dans les textesLe concept de « flâneur » vient de celui de « flâneur dans la ville » des études urbaines, lequel tire ses origines de textes du poète Charles Baudelaire et du philosophe Walter Benjamin (qui l’a développé en relation justement avec le Paris haussmannien !). Dans son article « Le flâneur comme lecteur de la ville contemporaine », Borisenkova décrit ainsi le flâneur dans la ville : « l’expérience de cet(te) ami(e) de la rue, marchant dans les villes sans raison apparente, observant tout ce qui se passe dans les quartiers et les grands boulevards, tout en portant une attention particulière aux rythmes de la vie urbaine, nous expose bien en quoi peut consister l’expérience esthétique de la ville » (Russian Sociological Review, 2017, 16 : 2). Vous pouvez lire cette phrase comme une invitation à aller explorer dans la ville les graffitis et l’art de rue pour mieux comprendre le sujet qui nous intéresse dans ce chapitre. », qui s’ouvre au plaisir de la découverte.
Des exercices d’observation et de rédaction suivent.
(N.B. Les références sont présentées en sous-thèmes et selon un ordre (subjectif !) d’intérêt dans chaque section.)
Graffiti. Wikipédia, l’encyclopédie libre. Repéré le 21 décembre 2017 à https://fr.wikipedia.org/wiki/Graffiti
1. Ville de Sherbrooke. (s. d.). Différence entre un tag et un graffiti. Repéré le 21 décembre 2017 à https://www.ville.sherbrooke.qc.ca/citoyen/vie-sportive-et-recreative/tags-et-graffitis/je-suis-citoyen/difference-entre-un-tag-et-un-graffiti/ Court et précis. 2. Hagoug, I. (4 mais 2016). Où s’arrête le graff, où commence le street art ? La nuit magazine. Repéré le 21 décembre 2017 à https://www.lanuitmagazine.com/ou-s-arrete-le-graff-ou-commence-le-street-art/ Discussion ancrée dans le graff et le street art à Marseille, métropole du sud de la France. 3. Nancy, D. (22 septembre 2014). Les dessous du graffiti féminin. udemnouvelles, Université de Montréal. Repéré le 23 décembre 2017 à http://nouvelles.umontreal.ca/article/2014/09/22/les-dessous-du-graffiti-feminin/ Spécificités du graffiti au féminin. Plusieurs définitions. Référence au mémoire de maîtrise de Katrine Couvrette (U de M), Le graffiti à Montréal : pratique machiste et stratégies féminines, qui comprend notamment un glossaire.
1. (s.d.). « Le cancer urbain des graffiti », rubrique « Vie de quartier », le 18h30, Radio-Canada. Repéré le 6 juin 2018 à https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-7899816/cancer-urbain-graffiti Reportage sur la lutte aux graffitis [nous employons le pluriel rectifié avec un s] à Montréal. Beaucoup de vocabulaire utile. 2. Art ou vandalisme ? Le graffiti.com. Repéré le 21 décembre 2017 à http://www.le-graffiti.com/dossiers/art-vandal.html Il s’agit d’un site voué aux amateurs de graffitis, comme le montre l’énoncé de mission du site : « Le Graffiti.com est consacré à l’art du graffiti. Vous y trouverez vidéos et photos de graffiti. Voyez des graffiteurs créer des graffiti sur vidéo. Aussi, vous en apprendrez plus sur la création de graffiti en consultant nos dossiers et nos photos de graffiti. » Site communautaire d’amateurs de graffitis. Certaines formulations feraient peut-être sourciller votre prof de français, mais pour une fois, ce n’est pas ce qui nous intéresse. 3. Rymz (14 mars 2018). Contribution à la chronique « L’abécédaire de la résistance (g-h-i) », Plus on est de fous plus on lit, Radio-Canada. Repéré le 5 juin 2018 à http://medias-balado.radio-canada.ca/diffusion/2018/03/balado/src/CBF/2018-03-14_13_06_00_plusonestdefousbalado_0000.mp3 [Approx. de 1:24:43 – 1:45:25) An audio element has been excluded from this version of the text. You can listen to it online here: https://ecampusontario.pressbooks.pub/resumersynthetiserargumenter/?p=872 Le rappeur québécois Rymz, qui est également travailleur social, parle du graffiti comme acte de résistance. 4. Jardonnet, E. (22 septembre 2017). Jace : un « gouzou » dans la ville. LeMonde.fr. Repéré le 21 décembre 2017 à http://www.lemonde.fr/arts/visuel/2017/09/22/street-art-jace-un-gouzou-dans-la-ville_5189860_1655012.html Les rapports du graffeur avec la mairie n’ont pas toujours été si cordiaux. « En 1995, lorsque j’étais étudiant, la ville était sinistrée. Il y avait peu de tags, mais beaucoup de magasins fermés, recouverts d’affiches pour le 3615, le Minitel rose. » C’est dans ce paysage qu’il a commencé « à interagir » avec ses Gouzous. Finalement « ravagée » par les graffitis, la ville a engagé une politique de nettoyage au tournant des années 2000. 5. btsenil (19 février 2014). Street-art, vandalisme ou art à part entière ? [publié dans le cadre de la thématique « La ville en mutation »]. BTS Gémeau Le Blog. Repéré le 21 décembre 2017à http://bts-gemeau.fr/street-art-vandalisme-ou-art-a-part-entiere/ La discussion sur la valeur artistique n’est que le point de départ. La page présente ensuite un historique intéressant et une bibliographie comprenant quelques articles savants.
1. Mayembo, A. (Agence France-Presse). (4 octobre 2016). L’art urbain entre au musée. Le Soleil. Repéré le 21 décembre 2017 à https://www.lesoleil.com/arts/expositions/lart-urbain-entre-au-musee-400d0d851020e8618e0b3a8c93567109 2. Doucet, T. (16 juin 2016). Festival MURAL : FONKi, le graffeur qui revisite l’art cambodgien. L’outarde libérée. Repéré le 22 décembre 2017 à http://loutardeliberee.com/festival-mural-fonki-graffeur-revisite-lart-cambodgien/ Énoncé de mission de L’Outarde libérée : « webmagazine multi-formats, publié sur internet, dont la ligne éditoriale met en avant l’actualité franco-québécoise, l’actualité de la communauté française au Québec et au Canada, et l’actualité de la communauté québécoise en France, sans esprit communautaire, dans une perspective de coopération. »
Art urbain. Wikipédia, l’encyclopédie libre. Repéré le 21 décembre 2017 à https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_urbain
(S.a.). (2 janvier 2015). Les artistes se mobilisent pour la crise des migrants, Le JDD.fr, Europe 1 le JDD. Repéré le 21 décembre 2017 à http://www.lejdd.fr/International/Les-artistes-se-mobilisent-pour-la-crise-des-migrants-766705 Le très célèbre artiste chinois contestataire Ai Weiwei, Banksy et d’autres mettent leur art au service de la cause des migrants. Présentation de quelques projets en cours ou à venir en 2015.
Grandjean, E. (9 septembre 2016). Banksy, le graffeur que tout le monde veut démasquer, Le Temps. Repéré le 21 décembre 2017 à https://www.letemps.ch/culture/2016/09/09/banksy-graffeur-monde-veut-demasquer
(10 septembre2017). Calais : une œuvre de Banksy recouverte de peinture, France 3. Observez la reproduction de la murale dans l’article : elle fait directement écho au célèbre tableau Le radeau de la méduse de Géricault. (S.a.). 15 octobre 2015). Une œuvre d’art effacée, au Havre… par erreur. La boulette de la brigade anti-tags. Actu.fr. Repéré le 21 décembre 2017 à https://actu.fr/societe/une-oeuvre-dart-effacee-au-havre-par-erreur-la-boulette-de-la-brigade-anti-tags_598945.html Glad, V. (11 déc. 2014). La fresque la plus connue de Berlin s’est suicidée dans la nuit. Konbini. Repéré le 22 décembre 2017 à http://www.konbini.com/fr/tendances-2/fresque-plus-connue-berlin-suicide-dans-la-nuit/ Konbini est un site d’infodivertissement créé en France.
Bigo, C. (13 juillet 2017). Le graffeur JACE réalise un parcours à Marrakech (PHOTOS). HuffPost Maroc. Repéré le 22 décembre 2017 à http://www.huffpostmaghreb.com/2017/07/13/graff-marrakech-jace_n_17473040.html
Viger, R. (4 août 2014). Une œuvre illégale est-elle protégée par les droits d’auteur ? L’émission 30 vies questionnée. Journal de la rue. Repéré le 22 décembre 2017 à https://journaldelarue.wordpress.com/2014/08/04/graffiteur-alexandre-scan-veilleux-vs-fabienne-larouche-et-radio-canada/ |
Quels sont les « outils » dont vous avez besoin pour écrire, bien écrire sur la question du graffiti et de l’art urbain ? La connaissance du sujet, qui s’acquiert notamment par la lecture, et les outils linguistiques nécessaires pour en parler, à commencer par la terminologie (les termes propres au domaine) et toute la phraséologie (expressions, tournures, adjectifs…) courante.
Comme vous vous en rendrez compte en lisant les articles et pages web proposés ci-dessus, on trouve une pléthore de termes pour parler du graffiti et de l’art urbain. Les usages varient aussi entre la France, l’Europe en générale, l’Afrique et le Canada. En lisant les textes proposés ci-dessus, construisez un tableau de termes incontournables et des variantes (ou encore, faites une carte sémantiqueLa carte sémantique, aussi appelée carte mentale, carte conceptuelle, carte heuristique (mindmapping) est une représentation de concepts ou de termes sur une carte. Plusieurs outils gratuits permettent d’en construire, notamment Mindmup, Coggle (permet aussi la collaboration en ligne), etc. de termes et d’expressions). Relevez aussi des expressions, tournures, adjectifs intéressants.
Utilisez l’ébauche de tableau ci-dessous pour relever dans au moins trois articles du dossier des termes et expressions qui vous serviront pour écrire sur le graffiti et l’art urbain. Vous pouvez bien sûr ajouter des colonnes ou réorganiser le tableau différemment. (Vous pouvez jeter un coup d’œil aux sujets donnés en 2.3 pour orienter votre relevé.)
Forme | Personne | Action | Expressions, tournures, adjectifs intéressants |
graffiti | graffeur/graffeuse | graffer | |
tag | |||
art urbain / street art (la forme anglaise étant davantage utilisée en Europe) | |||
Comme il a été dit dans le chapitre 8, le terme modalisation désigne les traces de l’attitude du locuteur à l’égard de ce qu’il dit, ce qu’il écrit. L’écriture polémique est toujours très modalisée. L’écriture heuristique le sera aussi, mais les modalités de rejet fortes (indignation, dérision, etc.) y seront moins présentes (ou seront liées à des propos rapportés); les modalités de doute, de questionnement domineront probablement.
Dans l’exercice précédent, vous avez relevé du vocabulaire modalisé et des tournures lexicales et syntaxiques qui expriment l’opinion de l’énonciateur sur les graffitis, les tags et l’art de rue en général. L’objectif de l’exercice ci-dessous est de trouver des formulations qui produisent soit un sens plus ou moins équivalent aux expressions « je trouve que », « je crois que », « selon moi » (qui ne font qu’annoncer l’opinion sans rien dire sur ce qu’est cette opinion et deviennent très vite ennuyeuses), soit qui expriment une opinion particulière (on pourrait croire que = je ne le crois pas; il est déplorable = je trouve déplorable que…).
Exercez-vous à voir comment on souligne que ce qui est affirmé est de l’ordre de l’opinion et comment la plupart des opinions sont exprimées sans marquer qu’il s’agit de son opinion. En fait, tant que l’énonciateur (c’est-à-dire vous) n’attribue pas une opinion à une autre personne, c’est la sienne qui est exprimée… La plupart du temps, on n’a pas besoin de « poteau indicateur » pour signaler l’opinion.
Relevez des marques de modalisation intéressantes pour signaler, exprimer l’opinion. Établissez des catégories (en faisant un tableau si vous le désirez). Consultez au moins trois articles du dossier.
Comme il a également été dit dans le chapitre 8, on peut modaliser en utilisant certains temps et modes verbaux. Le subjonctif est notamment un mode qui permet au locuteur de se positionner et d’exprimer ses sentiments. Vous trouverez une vidéo interactive qui vous permettra de vous remémorer les diverses règles de formation et d’emploi du subjonctif
ici .
Remplissez les deux écrans d’exercices suivants :
An interactive or media element has been excluded from this version of the text. You can view it online here:
https://ecampusontario.pressbooks.pub/resumersynthetiserargumenter/?p=872
Les définitions de dictionnaires sont des définitions objectives… du moins lorsque les référents sont eux-mêmes des réalités ne se prêtant qu’à une seule représentation… ce qui n’arrive pour ainsi dire jamais. Toute définition est en fait ancrée dans un espace-temps spécifique, un cadre social et culturel particulier.
Un dessin, selon le Petit Robert (PR), est une « représentation ou suggestion des objets sur une surface, à l’aide de moyens graphiques »; dessiner, c’est « représenter ou suggérer par le dessin ». Mais une personne qui considère que les loisirs et les arts sont inutiles pourrait dire que dessiner, c’est « perdre son temps à gribouiller », que le dessin est un « mode de représentation graphique qui était utilisé autrefois avant qu’on ait la photographie et autres technologies de reproduction ».
Prenons le mot art, qui peut être défini de bien des façons, à la fois en intension (traits nécessaires pour cerner le concept) et en extension (énumération de ce qui est compris). Le PR subordonne ses trois définitions de l’art en tant que manifestation artistiqueLe mot art renvoie aussi à des techniques, des savoir-faire, la science; ces définitions sont regroupées sous le grand point I dans le Petit Robert. à l’hyperdéfinition suivante : « représentation du beauGrand point II dans le Petit Robert. ». Cette définition, qu’on retrouve dans tous les dictionnaires, a amené à dénier le statut d’art à ce qui n’est pas « beau ». Tel a été le cas pour l’expressionisme allemand, qualifié d’art « dégénéré » sous le régime nazi, de l’art abstrait et d’autres courants artistiques. (Mais qu’est-ce que le « beau » ?)
Les idéologies politiques apportent aussi des cadres particuliers à l’art : sous la Révolution culturelle en Chine, par exemple, les arts traditionnels étaient considérés comme tellement réactionnaires que bien des œuvres ont été détruites et des pratiques culturelles abandonnées.
Du point de vue ethnocentrique de l’Europe du début du XXe siècle, les sculptures africaines étaient le plus souvent considérées comme un artisanat barbare. Il aura fallu que des artistes et des anthropologues réputés européens fassent la promotion de « l’art nègreLe mot nègre, dans la tradition francophone, a été revendiqué par des penseurs noirs de l’anticolonialisme, dont Léopold Senghor, président du Sénégal de 1960 à 1980 et écrivain, Aimé Césaire, lui aussi homme politique et écrivain, et bien d’autres dans un vaste courant littéraire et politique de la négritude. » (en particulier Picasso) pour que celui-ci « accède » à la reconnaissance artistique dans le monde occidental.
Et que dire du mot religion ? Tout le monde connaît la célèbre définition de Marx : la religion est « l’opium du peuple ». Une définition objective dira qu’une religion est un « système de croyances et de pratiques qui… »; la fin de la définition variera en fonction des époques, des cadres sociaux, etc.
On pourrait multiplier à l’infini les exemples montrant que les définitions véhiculent toujours une représentation particulière des choses, s’inscrivent dans un cadre particulier (cadre juridique, par exemple). C’est donc dire qu’on peut argumenter au moyen des définitions. Qu’est-ce qu’un tag ? La définition du PR est discutable : « Signature codée formant un dessin d’intention décorative, sur une surface (mur, voiture de métro…). » L’intention est-elle vraiment décorative ? De l’avis de bien des tagueurs, taguer est davantage une expression sociale de protestation qu’une décoration.
L’exercice qui suit vise à vous faire jouer avec la dimension argumentative des définitions.
Pour chacun des mots suivants, donnez deux définitions : une première positive et une seconde négative.
Adoptez le plus possible la forme aristotélicienne pour vos définitions, c’est-à-dire la forme « genre prochain différences spécifiques » :
Ex. de définition improvisée :
chaise : siège [= genre prochain] muni de quatre pattes avec un dossier sur laquelle une seule personne s’assoit [différences spécifiques par rapport à un pouf, un tabouret, un fauteuil un divan, etc.].
Définition du PR :
« Siège à pieds, à dossier, sans bras, pour une seule personne. » [Définition un peu plus élégante que la définition improvisée ci-dessus, mais qui dit essentiellement la même chose.]
Notez que dans ce modèle les noms se définissent par des groupes nominaux sans article au début (et donc les verbes, par des groupes verbaux, les adjectifs par des groupes adjectivaux).
Inspirez-vous des lectures proposées dans la section 1.1 pour élaborer vos définitions.
Définition positive :
Définition négative :
Définition positive :
Définition négative :
Définition positive :
Définition négative :
Définition positive :
Définition négative :
Définition positive :
Définition négative :
Il y a trois dimensions dans l’argumentation : le logos, l’ethos et le pathos dont la part respective varie selon le type de texte, de sujet, de cadre, d’argumentateur.
Le logos, c’est la dimension raisonnement de l’argumentation, la réflexion. C’est ce qui vise l’intellect (cf. le mot logique). Les dimensions ethos et pathos se combinent au logos pour construire la force persuasive de l’argumentation.
L’ethos, c’est l’image de soi qu’on projette dans le texte. Cette image, ce n’est pas simplement qui on est « véritablement. En effet, l’énonciateur n’est pas simplement la personne qui parle/écrit ; l’énonciateur est une construction : écrit-on simplement comme individu, en tant que représentant typique d’une classe d’individus, en tant que représentant d’une institution, en tant qu’opposant à certaines idées reçues, etc. ? Parfois l’individu qu’on est ne joue aucun rôle dans l’argumentation ; on peut même avoir à défendre une position contraire à ce qu’on croit comme individu. La posture qu’on se donne et qu’on construit dans le texte participe pleinement à l’argumentation. D’une certaine façon, l’image de soi qu’on construit doit fonctionner comme un argument d’autorité. Les attributs du « soi » que véhicule le texte peuvent être très explicites, comme c’est le cas à plusieurs reprises dans la polémique sur la tour Eiffel, en particulier dans la première lettre (chapitre 8) :
Nous venons, écrivains, peintres, sculpteurs, architectes, amateurs passionnés de la beauté…
Sans tomber dans l’exaltation du chauvinisme, nous avons le droit… [= nous ne sommes pas des chauvins]
Ces attributs qui construisent l’image de soi sont aussi exprimés par des marques de l’énonciation moins directes et par la modalisation
À l’ethos se combine le pathos, c’est-à-dire l’attitude émotionnelle véhiculée dans le texte. Dans la langue courante, le pathos, c’est le débordement émotionnel, le drame, la gesticulation verbaleLe Petit Robert définit ainsi le mot « pathos » : « Pathétique déplacé dans un discours, un écrit, et par ext. dans le ton, les gestes. » La définition est exemplifiée par cette citation : « L'avocat général faisait du pathos en mauvais français sur la barbarie du crime commis » (Stendhal). ! Les structures emphatiques expriment souvent un pathos fort : par exemple, l’exclamation pour l’enthousiasme, l’indignation, la fureur. La polémique de la tour Eiffel, encore une fois, est un parfait exemple d’enflure pathétique (même pour l’époque où ces lettres ont été écrites). Mais le pathos n’est pas que le drame. Il réside également dans le fait de rendre vivantes, de rendre concrètes les positions, que ce soit par des exemples, des descriptions, des images fortes… Ainsi, l’art oratoire des avocats est souvent lourd de pathos quand il s’agit de causes criminelles; les discours dans les assemblées politiques et syndicales aussi… Le pathos, c’est ce qui suscite l’émotion chez l’interlocuteur, le lecteur, laquelle émotion contribue à emporter sa volonté, à le faire adhérer à la thèse défendueIl faut bien voir que l’absence d’émotions exprimées constitue aussi une posture émotionnelle : « Regardez les choses froidement, scientifiquement comme moi » dit-on à son interlocuteur, « et vous arriverez aux mêmes conclusions. ».
Bien argumenter, c’est savoir bien jouer sur les trois plans. Les sujets près de notre vécu, de nos émotions nous amènent plus facilement sur le plan du pathos que des sujets qui ne nous touchent pas; à l’inverse, comme un acteur, on peut mettre en scène une charge émotive qu’on ne ressent pas nécessairement. Comme étudiant, étudiante, on sait aussi que c’est l’analyse, la réflexion qui occupe le premier plan de l’argumentation raisonnée. En fait, pour beaucoup d’étudiants, c’est la dimension ethos qui est la plus difficile à projeter, à mettre en scène dans le texte.
Dans des textes écrits dans le cadre d’un cours de langue, ce ne sont pas tant vos connaissances, votre analyse qui sont jugées que la qualité, la force de votre écriture, et ici de votre argumentation. Or la qualité argumentative de vos textes argumentatifs est tributaire de la personnalité, de l’ethos que vous projetez : vous n’êtes pas simplement Paul ou Mary, vous êtes une personne dont les idées, l’angle d’approche sont orientés par son expérience, son travail, ses intérêts. Repensez aux lettres de la polémique sur la tour Eiffel. L’ethos des scripteurs est mis au premier plan : « nous, artistes », « moi, un ingénieur, un homme de science, un créateur ». Que l’ethos soit explicite ou non dans le texte, il doit transparaître, il doit habiter le texte. Dans les applications rédactionnelles qui suivent, efforcez-vous à construire un énonciateur public.
Parfois, on sait exactement ce qu’on veut dire avant d’écrire, que ce soit parce qu’on connaît à fond un sujet ou parce qu’on a des opinions très tranchées. Mais, comme il a été dit plus haut, écrire sert aussi à explorer ce qu’on pense, à y donner forme, à le construire. C’est ce que vous allez faire ici.
Voici quatre situations d’écriture en lien avec le graffiti, le tag et l’art urbain. Faites un remue-méninge pour chacune, notez quelques idées et écrivez sur celui des quatre sujets qui vous inspire le plus (ou sur celui que votre professeure choisira pour la classe).
Une fresque murale d’un artiste reconnu qui ornait une façade dans votre quartier vient d’être effacée à grands coups de peinture blanche.
Écrivez une lettre dans votre journal communautaire pour protester.
Écrivez ensuite la réponse du propriétaire de l’édifice qui a effacé la murale. Cette 2e lettre fera écho à la première.
Piste de structure pour la 1re lettre
Il est difficile de faire un « script » de lettre ou de texte pour une autre personne. Le script qui suit n’est pas du tout un plan que vous devez suivre. C’est une piste parmi d’autres que vous pouvez transformer à votre guise ou écarter totalement.
Titre :
Mettrez une phrase-titre ou un titre nominal très modalisé qui reflète toute l’ampleur de votre indignation. Parfois, c’est le rédacteur du journal qui ajoute des titres aux lettres ouvertes. (Si vous écrivez à deux, la deuxième personne peut tenir le rôle de rédacteur du journal.)
Introduction / 1er paragraphe :
Comme il s’agit d’une lettre, vous n’aurez pas d’introduction formelle comme dans un essai, une dissertation, mais vous devrez tout de même introduire votre les raisons de votre désaccord. Pensez au fait qu’il s’agit d’une lettre ouverte : une façon assez naturelle d’entrer en matière pourrait être de parler de l’historique de l’œuvre et de l’artiste pour les lecteurs qui ne connaîtraient pas l’œuvre : année où elle a été peinte, ce qui est figuré, ce qu’elle représente pour les habitants du quartier, etc.
Vous pouvez aussi entamer votre lettre en l’inscrivant dans un cadre narratif (Hier, comme je faisais ma promenade habituelle avec mon chien, quelle n’a pas été ma surprise de…).
Elle peut également être cadrée dans une description du plaisir de la vie quotidienne dans votre quartier (ce qu’on résume en anglais par l’adjectif vibrant, dans le sens de « cool », « authentique », etc.).
2e paragraphe :
Allez-y à fond pour dire votre stupéfaction, votre ébahissement, votre désarroi, quand vous vous êtes trouvé/e devant un mur blanc, là où auparavant, vous aviez l’habitude de contempler une scène colorée qui vous réjouissait le cœur ou un paysage sublime qui vous émouvait chaque fois que vous le voyiez – à vous d’inventer et d’étoffer.
Pensez à utiliser des structures exclamatives, des structures d’interlocution, des mises en relief pour exprimer la modalité d’indignation. Quelques exemples :
Quel a été…! Quelle n’a pas été ma surprise quand…! Quelle n’a été… Imaginez mon… quand… !
Comment peut-on… ?
Cette fresque murale, c’était…
Qu’on puisse… est inconcevable ! [subordonnée complétive utilisée en sujet]
Cette murale, je la…
Utilisez des noms, des adjectifs, des verbes intensifs. Servez-vous de la section Synonymes d’’Antidote pour choisir des mots qui portent et de la section Cooccurrences pour trouver des combinaisons idiomatiques. Voici par exemple les 14 premières cooccurrences du nom art avec un adjectif descriptifL’adjectif « descriptif » s’oppose à l’adjectif classificateur, qui détermine une sous-catégorie : art contemporain, art culinaire, etc. :
3e paragraphe :
Déplorez le manque de sensibilité artistique, de sens communautaire du vandale, du barbare, du philistin qui a pu, sans émoi, effacer un emblème, un symbole, un point focal du quartier. Interrogez-vous, peut-être, sur le peu de cas que faitFaire peu de cas de qqch : ne pas y accorder d’importance. la municipalité de la culture visuelle, sur l’absence d’une politique d’art urbain digne de ce nom. Ou encore, appelez vos concitoyens à réagir, à protester.]
Pensez à utiliser des noms, des adjectifs, des déterminants et des pronoms dépréciatifs pour désigner « ces » personnes, « ces gens-là » qui n’« ont cure » de la culture populaire, de la vie de quartier, etc.
Celui-là, on s’en souviendra !
« Chez ces gens-là, on ne vit pas, Monsieur. On ne vit pas, on triche. » (Ces gens-là, chanson de Jacques Brel dans laquelle il dénigre le style de vie austère et mesquin d’une famille bourgeoise des années 1960.)
Certaines personnes n’ont aucun….
D’aucuns n’hésitent pas à…
C’est un individu qui… / Quel genre d’individu faut-il être pour… Il faut être un bien triste individu pour… [triste ici ne signifie pas « qui éprouve de la tristesse », mais « qui suscite la tristesse, la consternation, le mépris » (Individu est un mot essentiellement négatif en français, sauf quand on l’emploie dans un sens générique sociologique pour désigner l’unité élémentaire de la société qu’est l’être humain.)
Les sales types ne sont pas toujours ceux qu’on pense.
Quel triste personnage, vous faites ! / Vous êtes un personnage méprisable ! / Vous n’êtes qu’un personnage malfaisant…
Avec votre peinture blanche, vous crachez votre mépris sur la joie de vivre des habitants de ce quartier !
Je me devais de décrier publiquement votre mépris pour les habitants de ce quartier !
N.B. Ne recopiez pas simplement l’une de ces phrases. Leur but est simplement de nourrir votre base lexicale.
Donner son opinion, c’est opérer un choix parmi plusieurs opinions possibles. C’est porter un jugement : par exemple, « telle candidate est, selon moi, meilleure que telle autre ».
L’opinion n’est véritablement intéressante qu’argumentée. D’ailleurs, même les sondages d’opinion cherchent souvent à mettre au jour les raisons derrière les choix :
Pourquoi préférez-vous tel produit à tel autre ?
Quelles sont les trois principales raisons pour lesquelles vous allez voter pour notre parti politique :
Les choix opérés reposent sur des jugements. On distingue généralement quatre types de jugements :
A priori, le jugement de fait n’a pas besoin d’être argumenté. En effet, il peut être vérifié et donc, il n’est pas sujet à controverse. « Les cours sont arrêtés à cause de la grève » est un fait. Mais dans quelle mesure ce qui est présenté comme un « fait » est-il vraiment un fait ou l’expression exacte du fait : est-ce que ce sont « les » cours (= tous les cours) ou « certains » cours ou « la plupart » des cours qui sont arrêtés ? On peut donc argumenter sur le statut de fait de beaucoup de « faits ». Par ailleurs, le choix même des faits présentés dans le contexte d’une opinion va amener ou non l’interlocuteur à partager l’opinion. Enfin, un fait n’est jamais présenté « tout nu » dans le discours. Il s’inscrit dans une trame, il est présenté sous un certain angle, et donc, au fil du discours, les faits mentionnés (et ceux qui sont tus) sont très argumentatifs.
Le jugement de préférence ne pouvant être contesté au niveau logique (« des goûts et des couleurs, on ne discute pas », dit le proverbe), il n’est pas directement argumentable, mais il peut très bien être soutenu par une explication, une justification. Si je dis qu’entre le film a et le film b, je préfère le film a, je n’affirme pas que le film a est meilleur que le film b : je dis simplement qu’il me plaît plus que le b; c’est mon droit.
Le jugement de valeur, lui, peut être contesté et donc peut faire l’objet d’une argumentation et d’une contre-argumentation (réfutation). Si je dis que le film a EST meilleur que le film b, je n’affirme pas simplement ma préférence; je dis, sur la base d’une analyse (plus ou moins développée), que le film a a de plus grandes qualités que le film b. La plupart des définitions de l’argumentation considérée du point de vue du discours incluent la dimension de confrontation de discours opposés (pas de débat, pas d’argumentation. Dans les mots de Jacques Moeschler : « Cette propriété qu’a l’argumentation d’être soumise à la réfutation me semble être une de ses caractéristiques fondamentales et la distingue nettement de la démonstration ou de la déduction, qui, à l’intérieur d’un système donné, se présentent comme irréfutablesJacques Moeschler, Argumentation et conversation, Hatier, 1995, p. 46-47. Cité dans Mariane Doury, Argumentation : analyser textes et discours, Colin, 2016, p. 14.. »
Le jugement de prescription, comme son nom l’indique prescrit quelque chose : il peut s’agit d’une recommandation, d’une obligation, d’une exhortation : il ne faut pas faire de fautes d’accord dans ses rédactions. Ce jugement de prescription repose sur une norme : « les textes pleins de fautes d’accord montrent une piètre maîtrise de la langue écrite; ils ne sont pas beaux ». Cette norme est un jugement de valeur, contestable dans l’absolu (l’écriture peut être riche en dépit des transgressions grammaticales; l’orthographe grammaticale n’est pas le style, etc.), mais pas dans le cadre d’un cours de français langue seconde… Vous n’emporteriez pas l’adhésion de votre lecteur (votre professeur). Le jugement de prescription peut aussi découler d’un jugement de fait : « il faut que cette grève se résolve » peut découler du jugement de fait « les cours sont arrêtés à cause de la grève ». Comme on le voit, le jugement de prescription est un appel à l’action, qui, lui-même, peut soutenir un jugement de valeur : terminer une critique de livre ou de film par « Lisez-le » ou « Je vous recommande ce film » est un argument (très conventionnel) en faveur dudit livre ou film.
Comprendre les types de jugement et les interactions entre eux aide à écrire une appréciation un peu étoffée, comme vous en écrirez dans les exercices d’application de la section 3.
À l’oral, on se place souvent comme point de départ pour exprimer un jugement, donner son opinion :
Je trouve que la plateforme du parti X est pleine de trous.
J’ai adoré ce film.
Je n’aime pas du tout ce chanteur.
On peut évidemment dire exactement la même chose sans je :
La plateforme du parti X est pleine de trous.
Ce film est excellent. / C’est un excellent film.
Ce chanteur est pourri/nul. / C’est un mauvais chanteur.
En d’autres mots, le jugement peut très bien s’exprimer sans je : l’énoncé demeure un jugement à argumenter.
On peut énoncer son jugement et le justifier après ou faire l’inverse : analyser, critiquer pour aboutir au jugement général. Observons ces débuts de quelques avis sur le film La ch’tite famille (2018) de Daniel Boon, publiés sur le site Sens Critique. L’opinion transparaît dès la première phrase (dès le titre aussi la plupart du temps), même sans qu’elle soit directement assertée.
La Ch’tite famille
| Jugement obligatoire à inférer detente : le réalisateur ne réussit pas son pari (du moins pas complètement). |
Ou comment Dany Boon se repose un peu trop sur ses lauriers
| Deux questions rhétoriques qui se font écho au début et à la fin du paragraphe qui expriment le même jugement négatif : rien d’original, seulement la reprise d’une recette gagnante. |
Qu’est-ce qu’on a fait au bon Ch’ti ?
| La modalité d’appréciation négative fonctionne ici à fond par l’emploi de qualifications et de caractérisations toutes plus péjoratives les unes que les autres. Noter aussi l’argumentation par association négative (un argument d’autorité inversé). |
De la tendresse
| Qui dit concession (bien sûr), dit inversion argumentative à venir (et après) (combinaison équivalente au certes… mais). |
Chassez le naturel et il revient au galop !
| La seule raison d’énoncer une peur passée en début de critique, c’est pour dire qu’elle n’était pas fondée. « Autoréfutation » qui vise à dire qu’on n’est pas idiot, qu’on sait qu’a priori, on peut avoir beaucoup de doutes. Fonctionne ici comme une concession. |
La modalité appréciative exprime tous les aspects et tous les degrés de l’opposition entre le positif et le négatif d’un point de vue subjectif : bon/mauvais, bien/mal, beau/laid, etc. Pour écrire une bonne appréciation de chanson, il est donc utile d’avoir une bonne palette de modalisateurs d’appréciation. L’exercice ci-dessous vous propose une petite exploration d’adjectifs appréciatifs utiles pour parler de chansons. (Voir la section 4.2 c sur la modalisation dans le chapitre 8 pour tour d’horizon des différentes modalités.)
Cherchez dans Antidote une dizaine de cooccurrences adjectives appréciatives positives pour les mots chanson et musique et quelques-unes qui pourraient être dépréciatives, mais qui n’empêchent pas l’appréciation positive.
Une chanson envoûtante (très positif); une chanson fleur bleue (plutôt négatif, mais facilement inversable argumentativement : certes, c’est un peu fleur bleue, mais…)
Il est difficile pour les anglophones de maîtriser la répartition des emplois entre il/elle est et c’est (+ formes plurielles) parce que l’anglais n’a pas la même répartition entre he/she/it is et this is (+ formes plurielles).
Or, on est presque immanquablement appelé à utiliser un présentatif et une reprise par un pronom personnel lorsqu’on décrit une personne, un objet ou qu’on porte un jugement sur cette personne, cet objet :
C’est un chanteur tellement passionné.
Il a été la coqueluche des adolescentes pendant toute une décennie.
C’EST / IL EST Pour identifier une chose ou une personne ou commenter un fait ou un événement. N. B. Les phrases commençant par c’est ou ce sont peuvent toujours répondre à l’une des trois questions suivantes :
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EMPLOIS | EXEMPLES |
N. B. Le présentatif c’est produit toujours, à différents degrés, une mise en relief. Parfois la mise en relief est mineure :
N. B. Le verbe reste singulier lorsqu’on s’annonce à une porte, au téléphone.
| C’est Shakira. Ce sont Sting et Shaggy.
C’est un chanteur. / C’est le soliste du groupe. / Ce sont des choristes. Ce sont nos musiciens. C’est ce chanteur qui a remporté le trophée. Ce sont tous les musiciens du groupe qui méritaient le prix. Ce sont trois excellents musiciens. C’est lui qui chante le mieux. Ce sont eux qui ont gagné. Ouvrez ! C’est nous ! On vient pour la répétition Ou pratique en français canadien courant (comme l’anglais practise)..
C’est bon, ce spectacle. C’est bien ce qu’elle chante. |
IL/ELLE EST // ILS/ELLES SONT Pour indiquer une qualité, une nationalité ou une fonction, comme une profession… | |
EMPLOIS | EXEMPLES |
N. B. N’oubliez pas qu’en français, on ne met pas d’article devant un nom attribut. Si on veut ajouter une qualification dans la construction Il/elleêtre nom attribut, il faut utiliser le présentatif : | Ce chanteur, il est excellent. Il est québécois, je crois.
Elle est trompettiste. Elles sont musiciennes de mère en fille dans cette famille. |
IL EST (pronom il impersonnel ne reprenant rien) Pour poser quelque chose comme existant de façon ponctuelle ou générale. | |
EMPLOIS | EXEMPLES |
| Il est 19 h. Il est temps de partir pour le concert.
Il est dommage qu’elle n’ait pas fait de rappel.
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Phrases à traduire.
Vous avez revu dans le point 4 du chapitre 1, la formation du féminin et du pluriel des adjectifs. L’exercice d’accord suivant ne pose aucune difficulté morphologique particulière, mais il vous forcera à vous rappeler que les adjectifs s’accordent en tout temps et surtout, il vous fera découvrir quelques classiques de la chanson française.
Accordez les adjectifs entre parenthèses.
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Quelle est votre chanson d’amour préférée ? Répondez en un paragraphe (pas trop long) dans lequel vous justifierez bien pourquoi cette chanson est votre chanson d’amour préférée. La langue de la chanson n’importe pas.
Il s’agit davantage de communiquer les émotions que cette chanson suscite en vous que de chercher à convaincre de l’excellence de cette chanson. Vous faites un jugement de référence et non un jugement de valeur (section 1 de ce chapitre). Cela étant, votre jugement de préférence n’exclut pas des éléments de valeur.
N.B. Privilégiez la qualité de l’écriture plutôt que la longueur. Votre paragraphe ne fera sans doute pas plus d’une dizaine de phrases, voire moins.
N’oubliez pas qu’on ne dit pas une chanson par mais une chanson de : Formidable est une formidable chanson de Stromae.
Accord :
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Corrigez les phrases suivantes selon les indices donnés pour chacune.
Vocabulaire (dont prépositions) :
Articles :
Verbe pronominal / déterminant possessif :
Place de l’adverbe :
Anacoluthe :
Redondance :
Vous trouverez les corrigés des exercices ici.
En tenant bien compte de ce que vous avez appris de l’écriture et de la correction de la rédaction n° 1 (votre chanson d’amour préférée), faites le même exercice de rédaction à propos de votre chanson d’enfant préférée ou d’une chanson de langue française que vous aimez beaucoup.
Même longueur, même but, mais vous pouvez, si vous le désirez, intégrer des éléments d’analyse plus techniques sur le texte ou sur la musique.
https://ecampusontario.pressbooks.pub/resumersynthetiserargumenter/part/exercices/
https://ecampusontario.pressbooks.pub/resumersynthetiserargumenter/part/points-de-langue/
adresser | |
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to address a problem = s’occuper d’un problème/aborder un problème/ s’attaquer à un problème / remédier à un problème | |
Mal formé | Bien formé |
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(s’)agir | |
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to be about smthg = s’agir de qch / qqn (toujours à la troisième personne du singulier) | |
Mal formé | Bien formé |
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approuver | |
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to approve of smthg = approuver qqch
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Mal formé | Bien formé |
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assumer | |
---|---|
to take on a responsibility = assumer | |
Mal formé | Bien formé |
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attendre | |
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to wait for sb / smth = attendre qqn / qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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aviser | |
---|---|
to advise sb of thng = informer qqn de qch | |
Mal formé | Bien formé |
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(avoir) besoin | |
---|---|
to need smthg = avoir besoin de qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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chercher | |
---|---|
to look for sb /smthg = chercher qqn / qch | |
Mal formé | Bien formé |
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continuer | |
---|---|
to continue doing smthg = continuer à / de faire qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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comprendre | |
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to be comprised of / to include (smthg /sb) = comprendre (qqun /qch) | |
Mal formé | Bien formé |
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demander | |
---|---|
ask for smthg = demander qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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déranger | |
---|---|
to bother oneself + se déranger | |
xxxx | xxxxxx |
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écouter | |
---|---|
to listen to sb /smthg =écouter qqn/ qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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enregistrer | |
---|---|
to record = enregistrer | |
Mal formé | Bien formé |
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espérer | |
---|---|
to hope for smthg = espérer qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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exiger | |
---|---|
to require smthg from sb = exiger qch de qqn | |
Mal formé | Bien formé |
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se fier | |
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to depend on /se fier à | |
Mal formé | Bien formé |
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fournir | |
---|---|
to provide smthg for sb = fournir qqch à qqn | |
Mal formé | Bien formé |
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hésiter | |
---|---|
to hesitate to do smthg = hésiter à faire qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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influencer | |
---|---|
to influence sb = influencer qqn | |
Mal formé | Bien formé |
|
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intéresser | |
---|---|
to interest sb in smthg = intéresser qqn à qch | |
Mal formé | Bien formé |
|
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manquer | |
---|---|
to miss sb = (qqn) manquer à qqn. | |
Mal formé | Bien formé |
|
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obliger | |
---|---|
to oblige / force sb to do smthg = obliger quelqu’un à faire qch | |
Mal formé | Bien formé |
|
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participer | |
---|---|
to participate in / participer à | |
Mal formé | Bien formé. |
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payer | |
---|---|
to pay for smthg = payer qqch | |
Mal formé | Bien formé |
|
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permettre | |
---|---|
to allow sb to do smthg = permettre à qqn de faire qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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plaire | |
---|---|
to please sb / to be appealing to = plaire à qqn | |
Mal formé | Bien formé |
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prétendre | |
---|---|
to claim = prétendre | |
Mal formé | Bien formé |
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quitter | |
---|---|
to leave a place / sb = quitter un lieu / sb | |
Mal formé | Bien formé |
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répondre | |
---|---|
to answer sb = répondre à qqn | |
Mal formé | Bien formé |
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regarder | |
---|---|
to look at sb / smthg = regarder qqn /qch | |
Mal formé | Bien formé |
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ressembler | |
---|---|
to resemble sb / to look like sb = ressembler | |
Mal formé | Bien formé |
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retourner/revenir | |
---|---|
to go back = retourner | |
Mal formé | Bien formé |
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risquer | |
---|---|
to risk (+ing) = risquer de (+ infinitif) | |
Mal formé | Bien formé |
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souhaiter | |
---|---|
to wish to do / to be smthg = souhaiter faire / être | |
Mal formé | Bien formé |
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(être) sûr | |
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to be sure of smthg = être sûr(e) de qqch | |
Mal formé | Bien formé |
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survivre | |
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to survive sb / smthg = survivre à qqn /qch | |
Mal formé | Bien formé |
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visiter | |
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to visite a place = visiter un lieu | |
Mal formé | Bien formé |
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à | |||||||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||||||
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à cause de | |||
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Mal formé | Bien formé | ||
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* | |||
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à côté de | |||
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après | |||||
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après que | |||||
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avant / avant de | |||||
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avant que | |||||
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Mal formé | Bien formé | ||||
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avec | ||||||||
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« avec » est rarement une bonne traduction pour « with» en anglais | ||||||||
Mal formé | Bien formé | |||||||
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comme | |||
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Mal formé | Bien formé | ||
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dans | |||||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||||
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de | |||||||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||||||
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devant | |||||
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Mal formé | Bien formé | ||||
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en | |||||||||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||||||||
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par | |||||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||||
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pour | |||||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||||
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pour que | |||||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||||
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sans | |||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||
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sur | |||||||
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Mal formé | Bien formé | ||||||
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Marqueurs de progression | ||
Introduction | Continuation | Conclusion |
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Ajout – addition | |
marqueurs | exemple |
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Illustration | |
marqueurs | exemple |
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Synthèse | |
marqueurs | exemple |
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Locutions conjonctives suivies de l’indicatifLa cause étant considérée comme actualisée, les subordonnées de cause se construisent au mode indicatif.
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Type d’explication | Exemple | |
| Introduit une réponse à une question en « pourquoi ». La cause est une information nouvelle. |
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| Introduit un fait déjà connu. L’information nouvelle est dans la principale. |
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Toujours en début de phrase dans la valeur causale.
| Introduit un constat servant de cause à la conséquence exprimée dans la principale. |
|
| Introduit un constat servant de cause à la conséquence exprimée dans la principale. |
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| Introduit une cause suffisante pour justifier la conséquence. |
À remarquer que la valeur temporelle est ici quasi inexistante, mais que les deux locutions peuvent aussi s’employer dans une valeur temporelle :
|
| Introduit la justification permettant de rendre le début de l’énoncé valide. Équivaut à « ce qui me permet de dire cela, c’est que… ». | Partons, car nous sommes en retard.
Heureusement que tu es là, car je craignais que tu ne viennes pas. Ne peut se substituer à parce que que lorsque la justification est également une cause :
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| Introduit une justification causale qui se veut sans appel. |
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| Langage juridique ou administratif. Introduit une cause connue, justifiant ce qui est dit ensuite. |
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| Introduit une justification causale de l’événement exprimé dans la principale. |
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| Introduit une justification d’une tierce personne que le locuteur juge non valide. |
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| Justification d’une grande intensité qui s’ajoute à une autre qui peut être implicite.. |
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À noter que parmi les locutions de cause suivies d’une proposition à l’indicatif, il y en a une qui n’est pas conjonctive mais adverbiale.
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| Introduit la justification logique de ce qui précède la phrase. Toujours placé en tête de phrase.
N’est pas l’équivalent de in effect en anglais, mais plutôt de indeed. |
À remarquer la virgule qui suit en effet. |
Locutions conjonctives suivies du subjonctifLorsque la cause est considérée comme non actualisée, les subordonnées de cause se construisent au mode subjonctif. | ||
Type d’explication | Exemple | |
| Alternative entre deux causes incertaines. | Soit qu‘elle ait oublié notre réunion, soit qu‘elle ait manqué son bus, elle n’est pas ici.
À remarquer que soit que… soit que peut introduire une alternative portant sur n’importe quoi, deux conséquences, deux actions possibles, etc. |
| La cause est fausse. |
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Prépositions et locutions prépositionnelles suivies soit de l’infinitif, soit d’un substantif | ||
Type d’explication | Exemple | |
| Cause d’une récompense ou d’une punition. |
À remarquer que l’infinitif qui suit un pour causal est au passé. Un infinitif présent exprimerait un but : J’étudie pour réussir. |
| Cause considérée comme non valide.
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| Introduit une cause présentée comme quelque chose de manquant. |
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| Indique la répétition ou l’intensité de la cause. |
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| Introduit une origine à valeur causale. |
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Préposition et locutions prépositionnelles suivies d’un substantif uniquement | ||
Type d’explication | Exemple | |
| Cause négative. |
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| Justification. |
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| Cause positive. |
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| Cause considérée comme non valide. |
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| Introduit une cause présentée comme quelque chose de manquant. |
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Type d’explication | Exemple | |
| Résultat expliqué par une cause passée. |
À remarquer que lorsque le sujet du participe passé est sous-entendu, il doit être le même que celui de la principale. |
| Justification |
À remarquer que lorsque le sujet du participe présent est sous-entendu, il doit être le même que celui de la principale. |
| Rapport de cause/conséquence lié à des événements simultanés. |
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Type d’explication | Exemple | |
| La relative à valeur causale n’est jamais déterminative et donc toujours entre virgules. |
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Verbes introduisant une cause | exemple |
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Verbes introduisant une conséquence | exemple |
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Verbe conférant le statut de conséquence à ce qui l’accompagne | exemple |
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Connecteurs | Exemple | ||
| La conséquence qui suit est présentée comme allant de soi. |
Remarque : peut aussi être placé à l’intérieur de la phrase :
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| Quand et introduit une conséquence (plutôt qu’une addition), celle-ci peut être simultanée ou consécutive. |
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| La conséquence va de soi en regard de la cause donnée (les choses étant ce qu’elles sont, la suite est inévitable) |
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| En tête de phrase, « aussi » exprime « en principe » la conséquence et non l’addition comme on le fait souvent. |
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| Suivi d’un verbe de conséquence (à moins de nominaliser la phrase). |
Remarque : l’ellipse du verbe est très courante avec « d’où ». | |
| Marque la consécution (suite chronologique) plutôt que la conséquence, qui n’est qu’inférée par la chronologie. |
Remarque : On ne peut pas utiliser alors pour des relations cause-conséquence qui ne sont pas chronologiques. Il s’emploie donc surtout dans le contexte de suites d’événements. |
Connecteurs | Exemple | |
| La conséquence est présentée comme ayant besoin d’être justifiée. La cause qui précède devient un argument justifiant la conséquence. |
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Remarque : Attention à ne pas faire une combinaison dles deux expressions. Il faut bien écrire « par » + « conséquent; « en » + conséquence. Remarque : « En conséquence » est d’un registre plus soutenu que « par conséquent ».
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Les quatre connecteurs suivants sont des marqueurs de provenance forts, puisqu’ils qui s’appuient sur la préposition « de » ou un dérivé de « de ». | ||
| À cause du sens même du mot « coup », la conséquence a une valeur d’immédiateté. |
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| Ce connecteur comprenant une reprise générique de la source (ce fait), le lien cause-conséquence est présenté comme très étroit. |
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| Origine |
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| Ce qui précède est présenté comme le point de départ de la conséquence. |
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Connecteur | Exemple | |
| Corrélation entre une conséquence mise en avant et un fait déclencheur. |
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Connecteur | exemple | |
| La conséquence est le résultat d’une manière de faire. |
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| Intensité |
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| Conséquence découlant d’une mesure |
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| Fait ne pouvant se réaliser s’il n’est pas suivi de la conséquence présentée. |
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Le sujet de la principale doit être le même que celui de la subordonnée. | |
Connecteur | exemple |
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Verbes introduisant une cause | exemple |
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Remarque : En anglais, la relation construite par le verbe « to result » fonctionne à l’inverse, de la cause à la conséquence : Her hard work resulted in excellent results. |
Verbes introduisant une conséquence | exemple |
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Verbe conférant le statut de conséquence à ce qui l’accompagne | exemple |
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Locutions suivies du subjonctif | |
marqueurs | exemple |
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( ces expression suivies de l’indicatif expriment la conséquence.) |
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Expressions suivies de l’infinitif | |
marqueurs | exemple |
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( = de façon à ne pas (+infinitif)) |
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Expressions suivies d’un article + un nom | |
marqueurs | exemple |
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Noms exprimant un but | |
marqueurs | Expressions |
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conjonction + subjonctif | |
marqueurs | exemple |
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conjonction avec si | |
marqueurs | exemple |
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conjonction + indicatif | |
marqueurs | exemple |
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locution + conditionnel | |
marqueurs | exemple |
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locution + infinitif | |
marqueurs | exemple |
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locution + substantif | |
marqueurs | exemple |
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Marqueurs d’éventualité | |
marqueurs | exemple |
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autres procédés pour l’hypothèse | |
marqueurs | exemple |
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Concordance des temps dans les phrases | |||
Temps de la subordonnée introduite par «si» | Temps de la principale | Modalité | Exemples |
Présent | Présent au mode indicatif | potentialité | Si je rentre tôt, tu peux |
Présent mode impératif | rapport de causalité + ordre | Si je te parle, réponds-moi! | |
Futur | éventualité probable | Si j’achète une maison, je la | |
Futur antérieur | éventualité probable | Si vous venez ce soir, j’aurai préparé | |
Passé composé | Futur | rapport causal + supputation | Si elle est passée, la maison |
Futur antérieur | rapport causal + supputation | S’il a pris ses gants, il n’aura | |
Présent au mode indicatif | rapport causal + supputation | S’il a neigé, il faut faire | |
Impératif | éventualité + ordre | Si tu as fini ton travail, viens | |
Imparfait | éventualité + assertion | Si je t’ai blessé, c’était | |
Passé composé | éventualité + assertion | Si vous avez protesté, vous avez | |
Imparfait | Conditionnel présent | éventualité | Si tu avais vraiment faim, tu mangerais |
Conditionnel passé | éventualité | S’il était prévoyant, il | |
Plus-que-parfait | Conditionnel passé | regret | Si tu m’avais parlé de cela, j’aurais |
Conditionnel présent | regret | Si la fiche descriptive avait été | |
Jamais de futur ni de conditionnel après « si », dans un contexte hypothétique. |
La concession suppose, par sa nature, une interaction argumentative. Concéder, c’est exprimer à l’autre (lecteur, interlocuteur) qu’il a raison sur le point introduit par le marqueur de concession.
Marqueurs de concession | ||
Adverbes et locutions | Exemples | |
| On concède la véracité de quelque chose. Cette expression relève d’un registre soutenu, mais elle est indispensable dans l’écriture argumentative. Elle se combine avec « mais », qui introduit une limite à la concession. |
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| Exprime la probabilité de la validité de l’argument introduit plutôt que l’absence de doute. |
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| Confirme une affirmation. N.B. Ne pas confondre avec « efficacement », qui correspond au « effectively » de l’anglais. |
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| Limite le champ de l’action. |
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Propositions introductives | exemple | |
| Introduisent un fait que le locuteur concède à la thèse adverse. |
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Les marqueurs d’opposition servent à introduire un argument inverse à un autre qui précède. Le mot mais est le connecteur de base de cette argumentation inversée; tous les autres ajoutent une dimension particulière qu’il faut bien saisir : on ne peut donc pas les substituer les uns aux autres sans changer le sens.
Connecteurs | Exemples | |
| Introduit un argument posé comme inverse au premier. |
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| Introduit une nouvelle donnée décisive, opposée ou non à la première, qui annonce souvent un « donc ». |
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| Introduisent un argument posé comme concomitant mais opposé au premier. |
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| Introduit un argument qui reconnait le premier mais qui relativise sa portée. |
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| Introduit une idée en contradiction avec la première posée comme avérée. |
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| Permet une inversion argumentative. L’une des propositions est généralement affirmative et l’autre négative. |
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| Compare et met en miroir deux idées opposées. |
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| Introduit un argument positif qui réduit par compensation la valeur négative du premier. |
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| Marque un fait ou un argument comme existant même s’il semble être en contradiction avec le premier. |
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Subordination (+ indicatif) | ||
Marqueurs | Exemples | |
| Compare deux faits en opposition. Ne pas confondre la valeur oppositive de « alors que » avec la valeur temporelle qu’il peut prendre quelquefois dans des phrases comme : « Il s’est fait cambrioler, alors qu’il était chez sa sœur. » |
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| Marque l’opposition entre deux faits qui peuvent être concomitants ou non. |
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| Marque l’opposition entre deux actions concomitantes. Le plus souvent « pendant que » marque strictement la concomitance temporelle. |
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Ces marqueurs mettent en parallèle deux données, dont l’une permet de réduire la portée de l’autre.
Subordination (+ indicatif) | ||
marqueurs | exemple | |
| Restreint la validité de l’autre proposition liée. (« Alors que » est un oppositif qui peut aussi simplement restreindre, comme « même si ».) |
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| Marque l’inutilité argumentative du fait introduit comme avéré. |
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| Introduit un empêchement. |
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Subordination (+ subjonctif) | ||
Marqueurs | Exemples | |
| Introduit un empêchement potentiel qui reste sans effet. « Quoique » peut être suivi de l’indicatif quand il introduit une restriction qui arrive comme une réflexion après coup. Voir aussi « quoi que » en deux mots. « Malgré que » est critiqué par certains grammairiens. |
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| Introduit un élément qui, en s’ajoutant au premier, restreint sa portée. |
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| Marquent l’inutilité argumentative du fait introduit comme potentiellement valide. |
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| Même valeur que les trois précédents, mais avec une insistance sur le degré. |
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| Fait le parcours de toute une classe de possibilités qui ne pourront pas empêcher la restriction. |
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Subordination (+ conditionnel) | ||
Marqueurs | Exemples | |
| Introduit un cadre hypothétique qui ne permet pas plus la validité de la proposition principale que ne le feraient des faits réels. N.B. L’emploi de « quand » seul dans ce sens est très soutenu. |
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| Introduit un cadre qui pourrait empêcher la restriction mais qui n’est pas retenu. |
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Expression + infinitif | ||
Marqueurs | Exemples | |
| Locution verbale figée signifiant « s’efforcer sans résultat » ou tout simplement « même si », quand le verbe renvoie à un état ou à l’attribution d’une propriété, ou quand le processus n’est pas déclenché volontairement. |
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Préposition + infinitif | ||
Marqueurs | Exemples | |
| Introduit l’élément rejeté ou déprécié dans une alternative. |
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| Rejette un cas de figure pour en proposer un autre complètement différent. |
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| Introduit un choix impossible qu’on remplace par autre chose qui compense. |
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| Introduit un dommage collatéral potentiel. En d’autres mots, introduit une conséquence négative potentielle à laquelle on s’expose en agissant d’une certaine façon. |
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| Marque une concession obligatoire. |
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Préposition + nom | ||
Marqueurs | Exemples | |
| Introduit quelque chose qui pourrait empêcher, mais ne le fait pas. |
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| Même sens que « malgré que » et « en dépit de », mais ne s’emploie de nos jours que dans la langue juridique. |
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Exclusion ou exception | ||
Marqueurs | Exemples | |
| Comme préposition, « excepté » est invariable. |
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| Composé de « hors » (extérieur) + participe passé de « mettre ». Plutôt soutenu. |
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| Même sens que « hormis » mais plus courant. S’accorde. |
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| On appelle communément cette forme négative « négation de restriction ». S’emploie plus couramment que « seulement ». |
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Tournures de phrases | ||
Marqueurs | Exemples | |
| La forme avec le « il » impersonnel est la plus soutenue; elle est à privilégier dans les écrits académiques. |
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| Plus emphatique que les trois précédents. |
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| Introduit un argument présenté comme mineur, mais suffisant pour convaincre du bien-fondé de la première proposition. |
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| Registre soutenu. |
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